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Hildegarde de Bingen, docteur de l'Eglise

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Hildegarde de Bingen, docteur de l'Eglise

Prier 15 jours avec Hildegarde de Bingen, sainte et docteur de l’Eglise

Le 7 octobre 2012 le pape Benoît XVI a proclamé Hildegarde de Bingen docteur de l’Eglise. Cette moniale du XIIe siècle sera ainsi la quatrième femme à recevoir ce titre que l’Eglise n’a attribué qu’à 35 personnalités exceptionnelles de son histoire deux fois millénaire. Depuis les festivités autour de son 900e anniversaire Hildegarde de Bingen (1098-1179) n’est plus une inconnue, car beaucoup ont fait le pèlerinage au monastère d’Eibingen qu’elle a fondé, proche de Rüdesheim, au bord du Rhin, et qui garde sa mémoire, son œuvre, sa spiritualité et son savoir vivants. Ses écrits sur les plantes médicinales et les pierres précieuses, ses compositions musicales, ses visions et ses œuvres théologiques et spirituelles qui les interprètent influencent d’un côté ceux qui à la fin du XXe siècle ont voulu commencer un « Nouvel Âge », de l’autre ceux qui cherchent en ces temps qui sont les nôtres une spiritualité autre que ce que nous proposent les sagesses sans Dieu avec leurs spiritualités laïques ou athées.

« L’une des femmes mystiques les plus appréciées aujourd’hui » - c’est le jugement que donne Marie-Anne Vannier qui nous propose de la visionnaire un beau portrait à travers ce « Prier 15 jours avec ... Hildegarde de Bingen ».

Le titre de cette collection pourrait faire croire qu’y sont proposées des prières ou des méditations. Ce n’est pas tout à fait exact, car la collection qui compte déjà quelque 160 titres est conçue pour présenter en 15 brefs chapitres des maîtres spirituels par des extraits commentés de leur œuvre. Ainsi on trouvera dans le livre sur Hildegarde de Bingen d’abord une brève biographie de la sainte, une note sur ses écrits et une explication de ce qu’est pour elle une vision, avant d’avoir pour chacun des 15 jours un bref texte d’Hildegarde magistralement commenté dans une langue simple et claire par Marie-Anne Vannier, grande spécialiste des mystiques rhénans et de la théologie mystique à travers les siècles.    

Hildegarde de Bingen (1098-1179) est entrée encore enfant au monastère saint Disibode pour y être initiée à la vie spirituelle et intellectuelle par la recluse Jutta de Spanheim et devenir moniale bénédictine à l’âge de 17 ans. Encore jeune, elle est élue abbesse et devient fondatrice des monastères de Rupertsberg et d’Eibingen. A partir de 1141 elle commence à mettre par écrit ses visions. Il ne s’agit « ni de visions corporelles, ni de visions spirituelles, mais de la forme la plus haute de vision : des visions intellectuelles, qui saisissent la nature des choses, qui ont une dimension prophétique et qui rapprochent Hildegarde des prophètes de l’Ancien Testament, tout en étant encore parlantes pour nous aujourd’hui ». Forte de ces visions, Hildegarde rédige ses trois œuvres majeures : le Scivias, le Livre des mérites de la vie et le Livre des œuvres divines.  Elle entretient une correspondance avec des abbés et d’autres autorités ecclésiastiques ou civiles, même avec l’empereur et le pape. Elle réalise quatre grands voyages à Trèves, à Metz, dans la région du Main et en Rhénanie pour inviter les habitants à vivre de l’Evangile. Après sa mort qui survient le 17 septembre 1179, elle est vénérée comme une sainte, mais elle n’est pas canonisée parce qu’elle avait accepté que soit enterré dans le cimetière du monastère un jeune, excommunié pour un crime dont il s’était repenti.

Hildegarde de Bingen a beaucoup écrit, mais c’est surtout à son Scivias que se réfère Marie-Anne Vannier pour présenter dans 15 brefs chapitres un beau résumé de sa pensée, de sa spiritualité et de sa personnalité. Les trois premiers jours familiarisent avec le style de l’œuvre de la sainte de Bingen, son inspiration par l’Esprit saint, sa grande connaissance des Ecritures saintes et l’originalité de ses visions. Les quatre jours suivants parlent de la gloire de Dieu et de la création de l’homme, qui est la « mesure de toutes choses » dans la sainte Trinité. Suivent trois jours consacrés aux trois sacrements d’initiation, le baptême, la confirmation, l’eucharistie. Le onzième jour est consacré à la réalité et à l’histoire du salut en Jésus Christ. Marie-Anne Vannier remarque qu’avec saint Augustin Hildegarde peut dire « Celui qui t’a créé sans toi ne te sauvera pas sans toi. » Et elle accentue la liberté qui est fondamentale dans les visions de Hildegarde. Dieu révèle son projet, mais c’est à l’homme d’y acquiescer en toute liberté, vérité bienfaisante pour un « monde, comme le nôtre, où Dieu tend à être oublié ».

Le jour suivant est consacré à la méditation sur l’Eglise « illuminée par la très brillante lumière de l’humanité du Fils de Dieu ». Et Marie-Anne Vannier de référer à la constitution dogmatique « Lumière des nations » du Concile Vatican II.

Les deux jours suivants concernent la vision du Jugement dernier et de la communion des saints. Pour chaque vision le texte original de Hildegarde comporte une illustration et son commentaire écrit. On regrette que le programme éditorial de la collection « Prier 15 jours avec » n’ait pas permis une reproduction en couleur des visions de Hildegarde. N’empêche que les explications éclairantes de Marie-Anne Vannier font entrevoir la beauté tant de l’oeuvre picturale que de son interprétation spirituelle... et donne envie de consulter les oeuvres de la sainte.

Le quinzième jour est consacré à une relecture de Hildegarde par les mystiques rhénans à partir d’un extrait d’un sermon de Jean Tauler. Ce dernier, tout comme Hildegard, propose en accord avec maître Eckhart une anthropologie chrétienne, centrée sur la divinisation de l’être humain par la grâce de Dieu.

Le livre de Marie-Anne Vannier qui est une remarquable introduction à la riche spiritualité du nouveau docteur de l’Eglise est publié dans la collection « Prier quinze jours avec... » aux Editions « Nouvelle Cité », ISBN 9782853136815.

P. Jean-Jacques Flammang scj      

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