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Il y a 175 ans est né le Père Léon-Jean Dehon (1843-1925)

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La Capelle: La maison natale du Père Léon Dehon, fondateur des Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus La Capelle: La maison natale du Père Léon Dehon, fondateur des Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Il y a 175 ans, le 14 mars 1843, est né à La Capelle le fondateur des Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus, le Père Léon-Jean Dehon. Il est ce prêtre exceptionnel qui ayant expérimenté l’amour de Dieu et sa miséricorde pour tous les hommes s’engage dès ses premiers pas dans la vie sacerdotale auprès des classes populaires afin de faire découvrir à tous, ouvriers et patrons, pauvres et riches, exploités et exploiteurs, qu’ils sont appelés à une vie différente, à une autre organisation économique et sociale, à l’Eglise rassemblée par Jésus et donc proche de tous les gens, au Règne du Sacré-Cœur dans les âmes et dans les sociétés.

« Sortez de vos sacristies ! » demandait-il à ses confrères prêtres, et plus tard aux membres de sa Congrégation religieuse qu’il a fondée en 1878 à Saint-Quentin dans l’Aisne. C’était là s’opposer à tout un courant politique qui voulait justement enfermer le clergé dans l’enceinte des églises et la religion dans l’espace privé des sacristies. Le jeune prêtre Dehon qui avait étudié le droit à Paris, la philosophie, la théologie et le droit canonique à Rome, était suffisamment formé en matière juridique et sociale pour ne pas se laisser leurrer par ces nouveaux maîtres autoproclamés de la vie sociétale. Certes à l’époque on parlait déjà de démocratie et le suffrage universel n’était plus remis en cause. Mais cette organisation politique ne pouvait être influencée que par une moitié des citoyens, les femmes n’ayant pas le droit de vote. Pour faire face à cette fausse conception de la religion qui la voulait enfermer dans l’espace privée, le clergé est appelé à « sortir des sacristies » et à faire entendre la voix politique de l’Eglise qui présentait déjà à l’époque, à côté de la droite et de la gauche, une troisième voie, élaborée dans ce qui devait devenir plus tard la pensée sociale de l’Eglise.

Ce qui compte pour Léon Dehon, c’est que tous, et surtout les jeunes, deviennent conscients de leur situation d’exploités et prennent en mains eux-mêmes leur avenir. La société en voie de déchristianisation massive mettait certes à la disposition des jeunes des lieux d’amusement où perdre leur temps, des lieux pour boire et pour éteindre tout sens critique constructif, des lieux empêchant tout développement personnel et partant le véritable relèvement des masses. Mais cette façon d’organiser le peu de temps libre laissé par les entreprises capitalistes à leurs ouvriers était exclusivement dans l’intérêt des puissants voulant maintenir sans culture et sans religion les masses populaires alors plus faciles à manipuler et à exploiter. Par sa pastorale classique, l’Eglise ne joignait plus que les enfants et les femmes, cette partie de la société exclue de tout pouvoir politique qui aurait pu contribuer à améliorer la situation des classes exploitées.

C’est dans ce contexte que Léon Dehon invente de nouvelles voies pour « aller au peuple ». Laissant une partie des préoccupations paroissiales traditionnelles, il s’occupe, surtout le dimanche, des jeunes et leur propose un foyer qui rassemblera bientôt des centaines de membres. Le foyer porte le nom de « Patronat Saint Joseph » et propose des temps de formation, de réflexion, d’échange et de prière. Il met à la disposition des jeunes des terrains et des salles de jeu, une bibliothèque de livres, journaux et revues, mais aussi, pour ceux qui sont sans domicile, des logements appropriés. C’est là tout un travail de conscientisation destiné à favoriser un réel relèvement des classes populaires.

S’étant rendu compte combien les médias influencent leurs lecteurs, Léon Dehon crée en ces années 1870 le « Conservateur de l’Aisne », l’unique journal catholique de la région. Œuvrer pour plus de justice sociale uniquement dans un des deux camps opposés, c’est pour le jeune prêtre Léon Dehon une utopie qui ne peut avoir de résultat. C’est pourquoi, tout en contactant les ouvriers, il fonde aussi des cercles de patrons afin de les informer sur leurs devoirs en matière sociale. Constatant que sans une formation scolaire inspirée des valeurs évangéliques une société ne peut évoluer dans le bon sens, il fonde en 1877 un établissement d’inspiration chrétienne, l’Institut Saint Jean, fondation qui entraine celle de sa Congrégation religieuse, les Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus. Cette congrégation n’est pourtant pas une simple œuvre sociale, même si le Père Léon-Jean Dehon s’est toujours beaucoup intéressé au social et par ce biais à l’évolution  politique. Mais pour premier but, sa Congrégation s’est fixé de propager la dévotion au Sacré-Cœur, ses membres sont appelés à œuvrer et à s’engager pour le « Règne du Sacré-Cœur dans les âmes et dans la société ».

Cette formule revient souvent pour maintenir l’unité de la Congrégation et les relations fraternelles entre ses membres, mêmes si certains se dévouent davantage dans une action sociale directe alors que d’autres œuvrent en priorité  au niveau de la formation et de l’animation spirituelles, culturelles et éducatives. Les deux aspects « dans les âmes et dans la société » resteront toujours complémentaires, et la revue que le Père Dehon fonde en 1889 le montre bien dans les nombreuses contributions qu’elle publie sous le titre général : Le Règne du Cœur de Jésus dans les âmes et dans les sociétés. Pour présenter la nouvelle revue, sa Rédaction interroge ses lecteurs : « N’est-il pas bon en ce moment, au deuxième centenaire de la révélation du Sacré-Cœur relative à son règne social, au centenaire de la grande perturbation de l’ordre social chrétien, qu’une Revue prenne à cœur de travailler au règne du Sacré-Cœur dans les âmes et dans la société ? » Donner une réponse positive à cette question exige que l’on se tourne « plus que jamais vers Notre-Seigneur Jésus-Christ, de qui seul peut venir le salut » et de « puiser plus abondamment dans les exemples et les engagements du Christ le véritable esprit de la vie chrétienne ». 

Si le Père Dehon exhorte ses religieux à sortir des sacristies pour aller au peuple, il montre en même temps que cette sortie doit se faire par l’église en passant devant l’autel où est exposé le Saint Sacrement. L’adoration eucharistique et l’engagement social vont de pair : un engagement sans adoration serait aveugle de même qu’une adoration sans engagement serait vide. Le Père Dehon demande donc à tous ses religieux l’adoration eucharistique quotidienne, véritable soutien pour tous les engagements sociétaux devenus si nécessaires dans un monde en pleine évolution.

La Congrégation des Prêtres du Sacré-Cœur de Jésus se désigne aujourd’hui de plus en plus souvent comme « dehonienne » selon le nom et le charisme de son Fondateur. Les quelque 2200 Dehoniens sont présents dans une quarantaine de pays en Europe, en Afrique, en Amérique et en Asie. Ils continuent à vivre de ce que leur Fondateur, né il y a 175 ans, leur a légué : la véritable dévotion au Sacré-Cœur de Jésus. 

P. Jean-Jacques Flammang scj

 

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