Deuil à
Saint-Clément
Le deuil est venu visiter notre école pendant les vacances.
Deuil inopiné puisqu'il s'agit d'un de nos élèves
encore bien jeune: Roger Amman..
Qui eût pu prévoir, en effet, quun beau et grand
garçon de 14 ans, qui navait presque jamais été
malade, nous serait enlevé en quelques jours ? Il avait passé
ses derniers examens avec une volonté évidente de
réussir, et cétait plaisir à le voir
chaque jour senquérir du résultat de ses compositions;
hélas, nous ne devinions pas quil devait nous quitter
si vite.
Lorsqu'on nous apprit qu'il était condamné par la
maladie, c'est à peine si nous osions y croire. Il avait
l'air tellement enjoué ! Nous revoyons encore ses yeux naturel-lement
rieurs qui vous regardaient bien en face sans détour, sans
dissimulation. On comprenait facilement combien une nature si expansive
avait à se vaincre pour s'appliquer sur les livres de classe.
Il fallait bien le connaître pour l'apprécier car les
chiffres morts qui nous indiquent l'intelligence d'un élève
ne nous marquent pas toujours tout ce qu'il y a eu auparavant de
lutte et de victoire sur soi-même.
Il était Parisien et il en avait certes le caractère:
taquin, sans être méchant, vous dévoilant sa
pensée toute nue, sans chercher de longues périphrases:
« Mon Père. vous nous avez intéressés
», « Mon Père, vous n'êtes plus si intéressant
» ou bien « vous nous avez ennuyés ». On
ne s'en offusquait pas car l'on sentait une âme simple qui
n'aime pas à se cacher.
Pour le dévouement, l'on pouvait compter sur lui. Ne l'avait-on
pas surnommé, dans sa paroisse : «le second vicaire»
? Cette parole en dit plus que tout commentaire. Il avait certes
mérité l'affection dont il était entouré.
Nous le pleurons aujourd'hui mais nous sommes certains qu'il est
au ciel et qu'il veille sur tous les petits clercs du Sacré-Coeur.
Ne l'était-il pas lui aussi ? C'est un intercesseur de plus
pour notre chère école.
(Le Petit-Clerc n° 32 oct. 37)
« Hélas ! Si vous laviez voulu, Seigneur, elles
ne couleraient pas de mes yeux, ces larmes brûlantes que je
répands aujourdhui en votre présence; si vous
laviez voulu, il vivrait et serait encore près de moi
cet enfant tendrement aimé dont la mort a brisé mon
coeur. Mais jadore votre volonté, dont les desseins
sont impénétrables et toujours miséricordieux,
jusque dans ses rigueurs apparentes. »
(Lacordaire)
(Sur son image mortuaire)
AVANT-PROPOS,
EXERGUE - CAUSES
INTRODUITES - PETITS-CLERS
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