Le Petit-Clerc AMMAN-STEINÈS Roger
(1922 - 1937)

Deuil à Saint-Clément
Le deuil est venu visiter notre école pendant les vacances. Deuil inopiné puisqu'il s'agit d'un de nos élèves encore bien jeune: Roger Amman..
Qui eût pu prévoir, en effet, qu’un beau et grand garçon de 14 ans, qui n’avait presque jamais été malade, nous serait enlevé en quelques jours ? Il avait passé ses derniers examens avec une volonté évidente de réussir, et c’était plaisir à le voir chaque jour s’enquérir du résultat de ses compositions; hélas, nous ne devinions pas qu’il devait nous quitter si vite.
Lorsqu'on nous apprit qu'il était condamné par la maladie, c'est à peine si nous osions y croire. Il avait l'air tellement enjoué ! Nous revoyons encore ses yeux naturel-lement rieurs qui vous regardaient bien en face sans détour, sans dissimulation. On comprenait facilement combien une nature si expansive avait à se vaincre pour s'appliquer sur les livres de classe. Il fallait bien le connaître pour l'apprécier car les chiffres morts qui nous indiquent l'intelligence d'un élève ne nous marquent pas toujours tout ce qu'il y a eu auparavant de lutte et de victoire sur soi-même.
Il était Parisien et il en avait certes le caractère: taquin, sans être méchant, vous dévoilant sa pensée toute nue, sans chercher de longues périphrases: « Mon Père. vous nous avez intéressés », « Mon Père, vous n'êtes plus si intéressant » ou bien « vous nous avez ennuyés ». On ne s'en offusquait pas car l'on sentait une âme simple qui n'aime pas à se cacher.
Pour le dévouement, l'on pouvait compter sur lui. Ne l'avait-on pas surnommé, dans sa paroisse : «le second vicaire» ? Cette parole en dit plus que tout commentaire. Il avait certes mérité l'affection dont il était entouré.
Nous le pleurons aujourd'hui mais nous sommes certains qu'il est au ciel et qu'il veille sur tous les petits clercs du Sacré-Coeur. Ne l'était-il pas lui aussi ? C'est un intercesseur de plus pour notre chère école.
(Le Petit-Clerc n° 32 oct. 37)

« Hélas ! Si vous l’aviez voulu, Seigneur, elles ne couleraient pas de mes yeux, ces larmes brûlantes que je répands aujourd’hui en votre présence; si vous l’aviez voulu, il vivrait et serait encore près de moi cet enfant tendrement aimé dont la mort a brisé mon coeur. Mais j’adore votre volonté, dont les desseins sont impénétrables et toujours miséricordieux, jusque dans ses rigueurs apparentes. »
(Lacordaire)
(Sur son image mortuaire)

AVANT-PROPOS, EXERGUE - CAUSES INTRODUITES - PETITS-CLERS autres