Le Frère BERNARD Henri (Maurice)
(1908-1981)
Né le 15.12.1908 à Laviron (25)
Profès le 15.08.1934 à Amiens
Prof. Perp. 25.12.1937 à Lille
Décès le 02.01.1981 à Cannes


(Extraits de l'homélie du Père Provincial)

Henri est tombé mercredi 31 décembre, frappé par une congestion cérébrale. Transporté à l'hôpital de Cannes aussitôt, il est resté sans connaissance la journée du 1er janvier. Il est mort le vendredi à 4 heures du matin. Son départ a été rapide, tout aussi discret que sa vie.
Henri n'a pas pu nous parler, mais sa mort, survenue en ce temps de Noël au matin du 1er vendredi de 1'année, est une invitation à chercher le secret de sa vie dans le mystère de Noël et dans l'Amour du Coeur de Jésus, dans l' Amour qui s'est révélé à nous dans l'humilité du coeur, la présence fraternelle, le partage de notre vie humaine, l'humble service, jusqu'au don sans limite, et tout cela pour ouvrir aux hommes le chemin de l'alliance avec Dieu. Telle est la lumière qui éclaire la vie de notre frère, vie d'humble service, de présence fraternelle, d'offrande quotidienne à Dieu.
Henri est né le 20 décembre 1908 à Laviron, dans le Doubs, d'une famille de six enfants. Il a grandi en apprenant le prix du service, du travail, de l'affection familiale. L'unique visite que je lui ai faite, en 1947 dans sa famille, m'a fait découvrir ce milieu de vie proche de la nature, marqué par le labeur, la simplicité et l'entraide fraternelle; milieu de vie qui a préparé Henri à sa vie de service et de relation fraternelle. C'est là que le Christ l'a saisi et l'a invité à tout quitter pour être le serviteur et le témoin de son Amour dans la vie religieuse avec des frères.
Il a répondu avec la simplicité et la confiance de sa foi aux racines solides; il entre au noviciat d'Amiens le 3 janvier 1933, il sera reçu novice le 14 août et fera profession le 15 août 1934. S'offrant à Dieu en se mettant sous la protection maternelle de la Vierge Marie. Disons tout de suite combien il restera fidèle à prier Marie avec un coeur d'enfant qui recherche spontanément la présence de sa mère.
Il reste quelque temps à Amiens, puis il part pour Lille où il reste jusqu'à la guerre. Démobilisé en 1940, il est à Saint-Cirgues de 1940 à 1945. Puis de` 1945 à 1950 à Saint Clément. Je l'ai connu à Neussargues où il a passé cinq années, de 1950 à 1954, puis ce seront les 23 ans de Lyon, jusqu'en 1977. C'est alors qu'il rejoint la communauté de Mougins.
Dans chacune des communautés où il est appelé à servir ses frères, nous le trouvons soit à la cuisine, soit à la buanderie, mais aussi dans les multiples petits services que requiert la vie d'une communauté. Je crois que ce qui marque sa vie, ce qui est remarquable sous le voile d'une grande humilité et de beaucoup de simplicité, c'est l'esprit de service, le coeur fraternel, la fidélité à la prière. C'est ce qui m'a frappé, ce que je vous propose d'accueillir comme la richesse profonde de sa vie.
Henri a vécu l' humble service de ses frères, sans éclat, sans prétention, sans se faire valoir, dans un dévouement caché où il vivait le meilleur de lui-même, soutenu par sa communion à l' Amour du Coeur de Jésus.
Il trouvait sa joie à rendre service, à bien faire son travail. Il chantonnait, il était heureux... ce qui ne veut pas dire que cela se passait sans efforts et sans contrariétés.
Il n'est pas facile de tenir dans le service, dans un service gratuit où il ne pouvait s'attendre à beaucoup de reconnaissance ; dans une communauté, comme aussi dans un foyer, la reconnaissance pour les humbles services ne va pas de soi. Henri n'attendait pas de grands remerciements, il était assez simple et assez riche d'humour pour accomplir son service et être heureux tout simplement d'avoir fait plaisir.
Un coeur fraternel... Vous pourriez tous en parler mieux que moi. Je suis sûr de rejoindre ce que vous pensez en affirmant qu'Henri a été un homme fraternel. Il s'est accepté lui-même tel qu'il était, il a accepté les autres tels qu'ils étaient, sans attendre qu'ils soient devenus parfaits pour pouvoir les aimer. Sa vie fraternelle a été faite d'accueil, de partage des petites joies comme des peines. Il avait de la patience et son sourire en disait long.
Je crois qu'il se comportait de la même manière avec Dieu ; sa prière devait être aussi toute simple, très cordiale, toute remplie de ses efforts et de ses services, de ses joies et de ses peines ; il devait penser que tout cela intéressait Dieu et dans cette confiance il était heureux et il repartait au travail...
Henri nous rappelle que ce qui est vrai dans la vie d'un homme, ce n'est pas de remuer de grandes idées, mais d'accomplir avec amour les humbles choses de chaque jour, sans trop se plaindre et en recommençant chaque jour.

AVANT-PROPOS, EXERGUE - CAUSES INTRODUITES