A 11 h 30, mort du cher
Frère Coadjuteur Pascal BIZEUL.
« Le Fr. Pascal Bizeul était entré dans la Congrégation
en 1939,année de sa première profession. En 1940,comme
la communauté d'Amiens dont il faisait partie, il se réfugia
à Neussargues, qu'il quitta, en septembre de cette même
année, à la suite du scolasticat, qui allait s'installer
à St Cirgues, où il remplit les emplois de réfectorier
et de portier. De santé plus ou moins précaire, il
souffrait facilement de la poitrine. I1 tomba malade, il se coucha
1e dimanche 26 mars, atteint d'une broncho-pneumonie et, plus tôt
qu'on ne pouvait s'y attendre, une crise d'urémie l'emporta
soudain le matin du Jeudi Saint.
« Très silencieux et très humble, le cher Frère
Pascal Bizeul se consacra pendant les quatre années qu'il
passa à St Cirgues au service de ses frères avec un
dévouement, une régularité et une ponctualité
sans défaillance sachant se faire, avec une patience et une
charité à toute épreuve, aux exceptions si
nombreuses causées par les circonstances, les sorties et
les adaptations qui jamais ne le lassaient. Tels faits conservés
par plus d'un confrère, témoignent du respect qu'il
avait pour ses Supérieurs et les prêtres dont il s'était
fait le très humble serviteur.
« I1 supporta toutes les douleurs de sa dernière maladie,
qui durent être violentes, sans la moindre plainte; la veille
de sa mort, il prit encore une nourriture dont il avait la nausée,
en union avec le Christ souffrant: pour la rédemption des
âmes. I1 mourut comme meurt tout religieux du Coeur de Jésus,
dans le calme de l'âme et dans la paix du coeur »
Et en date du Samedi Saint, le chroniqueur continue sa relation:
"C'est aujourd'hui, à 17h, que la communauté
en deuil accom-pagne à sa dernière demeure la dépouille
funèbre du Frère Bizeul portée par ses confrères
et inhumée, après le chant des Laudes de loffice
des défunts, au cimetière de St Cirgues."
Une foule nombreuse et recueillie, venue des villages avoisinants,
s'unit à notre deuil. Plus d'un assistant emporta de cette
cérémonie un souvenir marquant, le cadre même
où elle se déroula étant fait de contrastes
significatifs. Devant un autel revêtu de sa parure de fête,où
les fleurs nouvelles semblaient annoncer les joies de la Résurrection,
le petit cercueil nu dis-paraissait pour ainsi dire devant 1'éclatant
mystère pascal, symbole merveilleux de la vie silencieuse
et renoncée du cher Frère Bizeul. L'absence de tout
apparat ne fut pas sans rappe-ler à tant d'hommes en courses
frénétiques vers les richesses, le détachement
parfait du religieux. Lémotion enfin gagna tout le
monde lorsque quatre religieux, entrelaçant leurs bras, char-gèrent
sur leurs épaules la dépouille de leur frère,
pour le porter ainsi jusque dans sa tombe; témoignage d'une
affection qui dépasse de bien haut les vaines mièvreries
de tant d'amitiés humaines et qui suscita cette réflexion
d'un assistant: "Ils s'aiment jusque dans la mort."
La mort a frappé St Cirgues, mais la mort n'est-elle pas
pour nous une vie, et à l'aube de la Résurrection,
alors que quatre de nos confrères viennent d'être ordonnés
sous-diacres, comment nos coeurs pourraient-ils ne pas souvrir
aux joies pascales?
(Extrait de «VIBRER» mai 1944,
N°12)
AVANT-PROPOS,
EXERGUE - CAUSES
INTRODUITES
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