Le 9 février
de cette année, dans une modeste chambre de la Maison
de Retraite des Soeurs de Notre-Dame du Temple, à Montmorillon
(Vienne) le Père André Hospital rendait sa belle âme
à Dieu
Ordonné prêtre en 1928, il sentait déjà
les premières atteintes du mal, après huit années
à peine dactivité apostolique exercée
successivement à Blaugies, à Viry et à Chef-Boutonne,
où il na laissé que des regrets et le meilleur
souvenir. Paralysé des jambes depuis plusieurs années,
le mal envahissait toujours davantage son corps robuste, pour gagner
finalement le bras droit, puis le bras gauche et finalement la région
du coeur.
Le malade fut un modèle achevé de patience et dabandon
filial au Sacré-Coeur de Jésus; un sujet dédification
pour les dévouées religieuses et pour les prêtres
infirmes qui venaient régulièrement le visiter et
le réconforter.
Jeune prêtre aux aspirations nobles et généreuses,
voulant se donner sans réserve, ne pouvant retenir ses élans
dapostolat...et être condamné à linactivité
la plus absolue, nest-ce pas le sacrifice le plus héroïque
et de tous les instants, pour un coeur sacerdotal tout brûlant
damour pour le Christ et les âmes ! Ajoutez à
ces souffrances morales le mal physique non moins cuisant de la
paralysie avec toute une suite de misères et dimpuissances,
sans parler dun système nerveux sensible à lexcès,
et il vous est facile de vous faire une idée de ce long et
douloureux martyre que furent pour le bon père les dernières
années de sa vie.
Ce martyre continuel, il la enduré avec un courage
admirable, avec une grande sérénité dâme,
ayant toujours le sourire sur les lèvres, il la enduré
en parfaite victime du Sacré-Coeur, vivant le plus parfaitement
possible sa vie dabandon au Sacré-Coeur de Jésus.
A la question de Soeur Gertrude, son infirmière «souffrez-vous
beaucoup ?», il répondit : «Ma Soeur, cela importe
peu...et puis, est-ce que cela vous regarde ? » Une autre
fois « Oui, je souffre beaucoup, mais je ne suis pas triste
» Et chaque fois, nous dit Soeur Gertrude, il fit un effort
pour esquisser un léger sourire.
Le T.R. Père Général avait obtenu, pour cette
âme si éprouvée, lindult de pouvoir célébrer
la Sainte Messe dans sa chambre, faveur que le malade sut apprécier
et dont il a pu et voulu user jusquau seuil de sa mort, malgré
lextrême fatigue causée par des efforts surhumains
et continuels. Soeur Gertrude, le prenant alors en pitié,
linvita à y renoncer et à se contenter de la
simple communion. Et lui de répondre : «Le prêtre
doit vivre de lautel. Si je ne puis plus dire la sainte Messe,
Divin Maître, laissez-moi partir !»
Voyant sa fin toute proche, la religieuse lui demanda sil
navait pas peur de mourir. Le père lui répondit
avec une joie confiante :«Un enfant du Sacré-Coeur
na jamais peur de mourir...Jaime aller voir le Bon Dieu.»
Dans le plus grand recueillement et une piété toute
rayonnante, il reçut les derniers sacrements, offrant sa
vie pour la congrégation et pour toute lEglise.
Il eut la consolation davoir à son chevet le R.P. Delvigne
qui durant toute la journée du huit février, a assisté
le cher agonisant, le réconfortant de ses bonnes paroles
et de ses pieuses exhortations. Le R.P. Provincial arriva le neuf
pour recueillir le dernier soupir de ce parfait disciple du Sacré-Coeur
et pour le conduire à sa dernière demeure. En lui,
la Congrégation possède un puissant intercesseur de
plus auprès du Coeur de Jésus.
TEMOIGNAGES.
«Ayant soigné le Bon Père durant 19 mois, jai
toujours été profondément édifiée
de son esprit surnaturel, de sa résignation et de sa grande
piété, surtout envers le saint Sacrifice de la Messe
quil disait toute la journée, comme il nous la
répété plusieurs fois...Il a beaucoup souffert
moralement, mais nous accueillait toujours avec bonne humeur et
le sourire. »
Soeur Marie des Anges
Ancienne supérieure de Montmorillon
«Le souvenir de notre cher malade est bien vivace dans la
communauté et beaucoup de prières ont été
dites et se disent encore pour le repos de son âme. Personnellement
je ne passe aucun jour sans lappeler à mon aide et
sans dire à Notre-Seigneur de le prendre vite avec Lui. Plus
je pense à mon malade, plus je remercie le Bon Maître
de mavoir mise à son service. Quelle belle âme
sacerdotale. Sa Messe était sa vie et jappréhendais
le jour où il naurait plus la possibilité de
célébrer. Quand il en parlait, on devinait quel eut
été son sacrifice.
Mais aussi, quel modèle de malade ! Si patient, si bon, ne
se plaignant de rien ni de personne, toujours souriant et toujours
édifiant. Le Bon Père ma fait beaucoup de bien
par ses exemples et, à loccasion, par une bonne parole.»
Soeur Gertrude
AVANT-PROPOS,
EXERGUE - CAUSES
INTRODUITES
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