Il fut prénommé
Tugdual, Marie, Etienne.et naquit le 21 mars 1908 à
Grand-Champ, à quelques kilomètres du fameux sanctuaire
de Sainte Anne d'Auray, Patronne de la Bretagne, dans une famille
de cultivateurs profondément chrétiens. Il était
le plus jeune des 7 garçons: aucune fille, et fut baptisé,
comme c'était la tradition dans les familles chrétiennes,
le lendemain de sa naissance.
La paroisse de Grand-Champ était une paroisse très
chrétienne: dans les années 30 on comptait plus de
100 prêtres, religieux et religieuses, originaires de la paroisse
et vivants. Si bien que l'Evêque de Vannes, contrairement
à la coutume de l'époque, vint à Grand-Champ
pour donner les ordres majeurs et mineurs à des séminaristes
tous originaires de la paroisse.
Le hameau où est né le Père Le Cheviller s'appelle
"Parc en Menah", en Breton, ce qui veut dire "le
champ des moines", ce qui prouve qu'il y avait autrefois un
monastère ou un prieuré à proximité.
Ses deux frères aînés ont été
tués à la guerre de 1914. Son frère Joseph,
prêtre dans le Diocèse de Beauvais, a été
tué pendant la guerre de 1939. Son frère Pierre est
religieux enseignant dans la Congrégation des Frères
de Lamennais. Deux autres frères se sont mariés et
ont laissé une belle descendance. L'un d'eux vit encore,
de même que Pierre le religieux.
En septembre 1920, Tugdual qui a 12 ans, quitte la Bretagne pour
la Belgique où se trouve l'école apostolique Saint-Clément.
Il en sort en 1926 pour entrer au Noviciat de Brugelette, également
en Belgique. Pendant qu'il est au Noviciat, très loin de
sa famille, son Père Jean-François meurt à
Grand-Champ. Il ne sera pas aux obsèques de son père.
Il fait profession le 29 septembre 1927 et commence ses études
de philosophie à Louvain.
En mars 1929, il effectue son service militaire à Vannes,
à quelques kilomètres de son village natal. Il fait
la connaissance dun garçon, militaire comme lui. Cest
un garçon de ferme, un cultivateur salarié. Il s'appelle
Joseph Guerlais. Tugdual lui fait connaître la Congrégation
des Prêtres du Sacré-Coeur et l'école des vocations
tardives de Domois. En 1963, le Père Joseph Guerlais rejoindra
le Père Le Cheviller à Nkongsamba.
Après son service militaire, en novembre 1930, il retourne
en Belgique pour ses études de théologie qu'il commence
à Louvain et quil terminera à l'Université
Catholique de Lille, où il est ordonné prêtre
par le Cardinal Liénart le 9 juillet 1933. Un jour, 13 ans
après, en 1946, il recevra le Cardinal dans sa mission de
Mbanga.
Le 21 novembre 1934, le Père Le Cheviller assiste au sacre
de Mgr BOUQUE à Metz, puis il s'embarque pour le Cameroun.
Il est nommé Vicaire à Mbanga et le Père Plissonneau
qui doit rentrer définitivement en France pour raison de
santé lui passe la direction du Pré-séminaire,
le premier décembre.
Deux ans après, le 1er janvier 1937, il est nommé
vicaire à Nkongsamba, directeur de l'internat et Procureur,
ce qui lui vaudra de faire en camion, un voyage à Garoua
pour porter le ravitaillement aux postes de Kélo et Yagoua
en décembre 1938.
En septembre 1939, c'est la guerre. Il est mobilisé à
Yaoundé où il restera jusqu'au 27 août 1940.
Il revient alors à Nkongsamba, mais pas pour longtemps, car
le 17 avril 1941, 15 jours après la mort de sa mère
qu'il n'a pas vue depuis 7 ans, il devient Supérieur de la
Mission de Mbanga. Il y restera pendant 19 ans. Il aura le courage
de commencer les fondations de la grande église de Mbanga
le 21 janvier 1945, et la joie de la voir terminée et consacrée
par Mgr Bouque Ie 12 octobre 1952. Il aura aussi la joie d'accueillir
à Mbanga les premiers Frères des Ecoles Chrétiennes
au Cameroun, le 24 octobre 1948.
Pendant ses fonctions à Mbanga, il organisa avec beaucoup
de sagesse la future mission de Loum-Chantiers, qui doit sa concession
à toute la perspicacité, l'habileté et la ténacité
du Père Lecheviller.
Il quitte Mbanga lorsqu'il est nommé Supérieur Régional
résident à Ndoungué le 3 octobre 1960. Comme
Supérieur Régional, il fait construire à Nkongsamba
la nouvelle Maison Religieuse, la salle Jean Dehon et les bâtiments
annexes pour les sessions. Il viendra y résider en Août
1964 au moment du sacre de Mgr Albert NDONGMO.
A la fin de son mandat de Supérieur Régional, il est
affecté à Kola.et d'août 67 jusqu'en mai 85,
soit pendant 18 ans, il dirigera la paroisse de Kola avec ses annexes
de Nlohé, Lala et Mantem, organisant son apostolat avec beaucoup
de méthode et assurant trois messes par dimanche.
Sa vue, ses jambes fléchissaient depuis quelque temps. Il
a pu cependant organiser les baptêmes et les premières
communions jusqu'au 19 mai dernier. Puis il a dû laisser toute
activité.
Le 30 juin, il a pu encore célébrer la messe à
lautel, à la Maison Religieuse, mais le 2 juillet,
il n'a pu se relever. Ses frères l'ont veillé jour
et nuit jusqu'à sa mort survenue le vendredi 12 juillet à
8 h.
Pendant 51 ans, le Père Tugdual Etienne Le Cheviller a été
apôtre de Jésus-Christ dans ce qui est aujourd'hui
le Diocèse de Nkongsamba. C'est dire la reconnaissance que
nous lui devons et que nous exprimerons par notre prière
pour que le Seigneur Jésus-Christ, le Sacré-Coeur
qu'il a bien servi, lui donne le repos dans la joie de la vie éternelle.
P. Goustan Le Bayon scj
AVANT-PROPOS,
EXERGUE - CAUSES
INTRODUITES
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