BIENHEUREUX JEAN-MARIE
DE LA CROIX MENDEZ
(Espagne)

Né à San Esteban de los Patos (Avila) le 25 septembre 1891)
première profession le 31 octobre 1926
prêtre itinérant en 1929

La vie et le martyre du P. Mendez, scj, nous entraîne dans un chapitre sombre de l’histoire moderne de l’Espagne : la persécution religieuse durant la guerre civile, de 1936 à 1939, entre forces républicaines et forces nationalistes.
Mariano Garcia Méndez, l’aîné de 15 enfants, est né le 25 septembre 1891, à San Esteban de los Patos, dans la province d’Avila. Après le séminaire, il fut ordonné prêtre pour le diocèse d’Avila, où il a travaillé dans plusieurs paroisses jusqu’à la fin de 1925. Animé d’un grand désir de perfection, il se tourna vers la vie religieuse, mais ses premières tentatives se heurtèrent à sa santé fragile.
Après son noviciat à Novelda (Alicante), Mendez fit sa première profession le 31 octobre 1926 et prit le nom religieux de P. Juan Maria de la Cruz. Démontrant peu de talent pour l’enseignement au petit séminaire de Novelda, il devient prêtre itinérant en 1929, quêtant dans les villes et villages tout en recrutant des élèves pour le petit séminaire de la congrégation.
En 1936, la guerre civile éclata. Le 23 juillet, le P. Juan se rendit à Valencia pour y trouver refuge avec un des bienfaiteurs de la congrégation. “En se rendant de la gare à la maison de Señora Pilar, il passa devant l’église "de los Juanes" au centre de la ville. "Un horrible spectacle" - selon ses propres mots - s’offrit à ses yeux: des hommes démolissaient l’intérieur de l’église et se préparaient à l’incendier. Il ne put se taire et cacher son horreur en voyant flamber l’église. Lorsque les scélérats se dirent les uns aux autres: "C’est un réactionnaire!" il répondit "Non, je suis prêtre !" Les républicains l’arrêtèrent aussitôt et l’amenèrent à la prison Modèle de Valencia. Après coup, des témoins se rappelèrent qu’en prison, le P. Juan mena une vie exemplaire comme prêtre. Il resta fidèle à ses pratiques religieuses, se préoccupa d’autres besoins pastoraux, tout en se préparant au martyre. Dans la nuit du 23 au 24 août 1936, il fut emmené, avec neuf autres prisonniers, au sud de Valencia pour être exécuté. Le 24 août, les dépouilles des victimes furent jetées dans une fosse commune au cimetière de Silla. “(Bothe, Martyrs Dehoniens du 20è siècle, p. 14).
Le 11 mars 2001, le Pape Jean-Paul Il l’a déclaré bienheureux, ainsi que les autres martyrs espagnols.

Le P. Juan Garcia Méndez scj (par le père H. Chiarello, scj)
Éléments biographiques
Né à San Esteban de los Patos (Avila) le 25 septembre 1891, premier de 15 enfants, il reçut comme nom celui de son Père, Mariano. Baptisé le 27 septembre 1891 à la paroisse San Esteban de los Patos, il a été confirmé à Venta de San Vicente le 13 avril 1893.
Encore petit, il sentit l’appel à la vie sacerdotale et fut admis au Séminaire d’Avila, d’abord comme externe (1903-1907) pour ses études littéraires et, ensuite, comme interne (1907-1916) pour étudier la philosophie et la théologie, obtenant toujours des résultats scolaires plus qu’excellents.
Séminariste, il percevait, en plus, l’appel à unir au sacerdoce la vie religieuse. Il a donc été novice des Dominicains à Avila, pendant un an, à partir du 15 août 1913, mais n’a pas été admis à la profession en raison de sa santé fragile.
Ordonné prêtre le 18 mars 1916, il fut curé à Hernansancho, à Villanueva de Gômez et à San Juan de la Encinilla.
Le 15 septembre 1921, il devint aumônier du Noviciat des Frères des Ecoles Chrétiennes, à Nanclares de Oca (Alava), pour se reposer des labeurs pastoraux et pour se refaire une santé. Ayant obtenu l’autorisation de son Évêque d’entrer dans l’ordre des Carmes déchaux, le 9 juin 1922, il entre dans le couvent de Larrea Arnorabieta (Vizcaya) mais il doit en sortir un an plus tard pour des raisons de santé et d’épuisement nerveux.
Rentré dans le Diocèse, le 4 juin 1923, il fut curé à Santo Tomé de Zabarcos (Avila) et à Sotilbos de Palomas.
Durant cette période, devant se rendre tous les mois à Madrid pour son service militaire, il fréquentait, dans ses moments libres, l’église des Religieuses Réparatrices. La Supérieure le présenta au P. Guillaume Zicke qui l’invita à entrer dans la Congrégation des Prêtres du Sacré-Coeur (“Padres Reparadores”). Il quitta donc, de nouveau, le Diocèse pour entrer, le 16 juillet 1925, au Noviciat de Novelda (Alicante). Il y fera ses premier vœux le 31 octobre
En 1926, en faisant profession d’amour, d’oblation et de réparation au Cœur de Jésus, il prend le nom de Jean-Marie de la Croix, en honneur de la Vierge Marie et de St Jean de la Croix, originaire d’Avila, comme lui, nom qu’il avait déjà pris chez les Carmes déchaux.
Comme première charge, il s’est vu confier la charge de professeur de religion au Collège de Novelda, en exerçant aussi son ministère de prêtre dans l’église du Sacré-Cœur de Jésus.
A la fin de l’année scolaire, on lui accorde la permission de faire un voyage à Rome, en 1927. Plus qu’une visite touristique des différents monuments historiques et artistiques, il accomplit un pèlerinage, en visitant les catacombes de St Callixte et les tombeaux des premiers martyrs, attiré par tout ce qui a trait au christianisme. Sur la voie du retour en Espagne, il passe par Lourdes, en signe de dévotion mariale.
Nommé à l’École Apostolique de Puente la Reina (Navarre), il y reçut la charge de promoteur des vocations et de quêteur pour l’entretien des élèves et de la communauté religieuse, en voyageant à travers les villages à la recherche de bienfaiteurs et de candidats au séminaire.
Il avait choisi la vie religieuse par amour de la solitude et du recueillement, et il s’est trouvé obligé de parcourir les villes et les villages pour quêter. Mais il accepta toute peine et toute fatigue dans un esprit d’abnégation et de sacrifice, selon l’esprit propre à notre Congrégation, comme le faisait remarquer le P. Zicke.
Il alternait les périodes de voyages avec des périodes de repos au couvent où il vivait dans la plus parfaite observance religieuse, en remplaçant des professeurs, en prêchant les exercices spirituels à des communautés religieuses.
En persistant dans son penchant pour la vie contemplative, il entre au monastère de Côbreces (Cantabria) des moines Trappistes, mais, une fois de plus, sa santé ne suit pas.
C’est pourquoi il revient dans la Congrégation pour continuer son ministère de quêteur.
Etait-ce uniquement en raison de sa santé ou plutôt le dessein de Dieu ?
Le 14 avril 1931, a lieu en Espagne la proclamation de la République qui, peu après, se distingue par sa lutte contre l’Église. Cela fait naître, chez les croyants, l’idée d’une “croisade” et la pensée du "martyre” dont le P. Juan se fait, lui aussi, porteur. En plusieurs occasions, il manifesta le désir et la joie de mourir martyr.
Le 18 juillet 1936, éclate la Guerre Civile et commence la persécution avec la "chasse au prêtre”. On évalue à environ 6.832 victimes parmi les évêques, les prêtres, les religieux et les religieuses, en plus d’une innombrable quantité de chrétiens laïcs.
Au mois de juillet 1936, le P. Juan fut envoyé pour prendre un peu de repos à Garaballa (Cuenca), dans une communauté religieuse qui venait d’ouvrir, auprès du Sanctuaire de Notre-Dame de Tejeda.
Quand la ville de Cuenca est tombée entre les mains des révolutionnaires marxistes, aucun religieux n’était plus en sécurité dans cette maison. Suivant le conseil du Maire, ils ont tous quitté le Sanctuaire, ayant mis des vêtements civils pour échapper au danger. Le P. Juan, vêtu d’une veste usée de paysan, prit le chemin de Valence où on ne le connaissait pas. Mais le jour même de son arrivée dans cette ville, le 23 juillet, en passant devant l’église Saint Jean, il aperçut qu’à l’intérieur on brûlait des objets et du mobilier sacrés. Poussé par son esprit de prêtre et par son caractère fort impulsif, il protesta contre ce sacrilège. Cela lui valut d’être arrêté devant la même église et jeté immédiatement en prison à Carcere Modello de Valence.
“Quelle horreur! Quel crime! Quel sacrilège! “: avait-il protesté à haute voix, en dévoilant sa qualité de prêtre. Il fut tout de suite arrêté, comme en témoigne un de ses compagnons de prison (L’avocat José de Montas Gonzâlez Campuzano).
Il resta en prison un mois, en se préparant au martyre. En prison, il suivait le même horaire qu’à la communauté religieuse. Il récitait publiquement son bréviaire, devant ses geôliers et sans être gêné par des considérations d’ordre humain. Il réconfortait les prisonniers, en particulier les nouveaux arrivés. Ses compagnons de détention l’appelaient affectueusement “Frère grand veston", à cause de sa tenue vestimentaire (Baron Emilio Frigola Ferrer, détenu dans la même prison).
Le 23 août, à dix heures du soir, il fut emmené de la prison, avec neuf autres compagnons et fusillé au pied d’un olivier dans la propriété “El Sario”, près du village de Silla. On l’enterra au cimetière de Silla, dans une fosse commune.
Le 28 mars 1940, à l’exhumation de son corps, on a trouvé ses os intacts et son crâne en morceaux, sa croix de profession religieuse, son scapulaire du Sacré-Cœur troué par deux balles et un agenda écrit de sa main, maculé de sang et traversé par plusieurs balles. Dans l’agenda, il y avait l’horaire qu’il avait suivi en prison, en commençant à 5 heures du matin, jusqu’à neuf heures du soir, en accomplissant ainsi toute les pratiques religieuses prescrites par la Règle.
La dépouille mortelle fut transférée à Puente la Reina, à l’Ecole Apostolique des Prêtres du Sacré-Cœur, devenant tout de suite l’objet de vénération de la part du peuple. Elle y attend la glorieuse résurrection.
Profil spirituel

1. Le milieu familial. Le P. Juan a grandi dans la véritable austérité d’une famille de paysans, dans un climat familial très pieux, en s’imprégnant auprès de ses parents des richesses de la foi. Son village n’ayant pas de prêtre à demeure, son père dirigeait les prières dans l’église paroissiale, par exemple la neuvaine de St Joseph et, au mois d’octobre, le rosaire.
Ses années de séminaire se caractérisent par une conduite irréprochable, par une vie de prière intense, par une assiduité constante aux études. Il maintient toujours le désir de se consacrer au Seigneur dans une vie plus austère et monastique. Durant son séminaire, il était toujours proposé par ses Supérieurs comme modèle aux autres séminaristes.
“C'était un modèle en tout; on percevait en lui une humilité profonde et c'était un jeune d’un talent extraordinaire” (l’abbé Ferreol Hernandez-Hernandez). “Il se distinguait toujours par sa vie exemplaire... Il était très jovial et plaisantait avec tous, sans jamais troubler l'harmonie entre ses copains” (l’abbé Vittoriano Doroteo Almarza Escudero)
Comme curé, c’était un exempte de prière, d’austérité personnelle et d’aide charitable pour les pauvres. Les fidèles attestent qu’il fut un curé plein de zèle et pieux, très austère dans sa vie personnelle; qu’il laissa une traînée de vertus héroïques et de sainteté, en se distinguant plus particulièrement par son esprit de prière et de charité envers les pauvres. Il vivait de ce que les gens lui donnaient, sans rien demander. Il ne faisait même pas passer, à l’église, la corbeille pour recueillir les offrandes.
Ne parvenant pas à entrer dans un ordre cloîtré, il s’engagea à vivre dans le monde une vie d’austérité et de mortifications, en s'imposant même le cilice.
Dans une rixe à Hemansancho, il y eut quelques morts et des blessés. Sans se soucier des balles, l’abbé Mariano s’approcha des blessés pour les secourir. En racontant cet événement à des amis, l’agresseur meurtrier a dit: “J‘ai laissé par terre quelques chevreaux. Je ne voulais pas tuer le curé parce que c'est un Saint”.
Religieux, il fut un observant fidèle de la règle et des vœux. Pendant neuf ans, il accomplit son service à Puente la Reina, en laissant à ses confrères un modèle de vie religieuse par sa conduite exemplaire et édifiante. Il a également laissé une réputation de sainteté auprès de nombreux prêtres et laïcs qu’il avait rencontrés lors de ses voyages de quête.
Quand il se trouvait en dehors de la communauté, il prenait soin d’observer un horaire particulier, approuvé par son Supérieur. En rentrant dans la communauté, il se levait la nuit pour aller prier à la chapelle, à genoux. Nerveux de tempérament, il savait se contrôler et dominer ses propres impulsions, mais il ne parvenait pas à se contrôler lorsque les intérêts de Dieu était en jeu. C’est ce qui le mènera à la mort.
Dans ses voyages, il était attentif à la promotion des vocations. Plusieurs jeunes de l’époque, devenus religieux dehoniens, lui doivent leur vocation.

2. L’amour de l’Eucharistie et la dévotion à la Sainte Vierge ont soutenu son cheminement spirituel.
L’Eucharistie a été au centre de sa vie.
Déjà jeune garçon, “il communiait tous les jours et ne pouvant le faire dans son village à
cause de l‘absence de prêtre, il allait, en faisant bien évidemment un sacrifice, dans d’autres villages. Parfois, il devait parcourir plusieurs villages. en essayant de communier, sans
trouver de prêtre. Une fois, en allant d’un village à 1‘autre, il n'est rentré chez nous que le soir”, se souvient sa sœur Juana.
Comme curé, il encouragea la communion fréquente. Il se rendait à l’église tôt le matin pour distribuer la communion aux ouvriers, avant qu’ils n’aillent travailler.
Religieux quêteur, il faisait de l’apostolat en diffusant la dévotion à l’Adoration perpétuelle et à l’Amour miséricordieux du Cœur de Jésus. On lui doit la pratique de l’Adoration perpétuelle dans des village de Navarre et du Pays Basque. Il commençait ses tournées de chercheur d’aumônes par la visite au Saint-Sacrement de l’église la plus proche du village.
Il rendait fréquemment visite à l’Eucharistie et en faisait le thème préféré de ses discours, conférences et exhortations.
La Sainte Vierge était son autre grand amour.
On conserve une lettre qu’il a écrite à la Reine du ciel, à l’occasion de la fête de l’Immaculée Conception. Il avait une grande facilité pour parler sur la Sainte Vierge:
"Quand on aime beaucoup la Vierge Marie, cela ne nécessite pas beaucoup de préparation”, disait-il.
“Sa dévotion à la Sainte Vierge était extraordinaire. Il nous préparait aux fêtes de la Vierge par des sermons pleins de douceur” (le P. Clemente Santiago Sanz-Sanz).
Ce qui resplendit dans sa vie d’une façon particulière, ce sont l’humilité et la charité.
Son humilité se manifestait par une opinion très modeste de lui-même et par sa soumission à la volonté des supérieurs. Il demandait des permissions même pour des choses que d’autres considéraient sans importance.
Sa charité envers les pauvres était éclatante. Comme curé, il vivait pauvrement mais aidait ceux qui étaient dans le besoin; comme religieux, c’est lui qui se chargeait de donner l’aumône aux pauvres qui frappaient aux portes du couvent.
Religieux, il fut obéissant aux Supérieurs et observait la pauvreté. Au retour de ses voyages de quêteur, il faisait un compte rendu parfait de ce qu’il avait récolté, en remettant le tout au Supérieur. Après sa mort, dans sa chambre, on trouva très peu d’objets personnels.

3. Le martyre
Préparation. En consolant une dame dont le fils, missionnaire, était fait prisonnier des communistes en Chine, en 1935, il lui dit: “Votre fils est un martyr. Ah, puissé-je avoir le même sort et être persécuté et mourir pour le Christ” (le P. Joachin Sola Uterga).
“Il pressentit la tragédie de 1'Espagne de 1936. Je me souviens que .. quelques jours avant qu‘éclate la révolution, je l’entendis dire qu'il allait prier beaucoup pour 1‘Église et pour l'Espagne parce qu’approchait "le temps des martyrs". Dans ses sermons et ses conversations, il manifesta, à plusieurs reprises, son désir du martyre” (le P. Clemente Santiago Sanz-Sanz).
En 1936, quand le paysage politique en Espagne se fit plus menaçant, en visite chez son frère Victor, il dit qu’il ne craignait pas pour sa vie, "puisque nous sommes entre les mains de Dieu pour faire sa volonté."
A l’approche de la Révolution, un jour de retraite à Garaballa, ‘‘l'enthousiasme avec lequel il parlait du martyre était admirable. Il prévoyait clairement ce qui se préparait et il nous incitait tous à la ferveur en sorte que, déjà, à l’époque, on ne parlait que de la gloire des martyrs” (le P. Lorenzo Cantô Abad).
La vie en prison. “Je me trouve en prison depuis trois semaines, pour avoir proféré des
phrases de protestation contre le spectacle horrible d‘églises brûlées et profanées. Dieu soit loué ! Sa très sainte volonté soit faite en tout. Je m‘estime heureux de pouvoir souffrir un peu pour Lui qui a tant souffert pour moi, pauvre pécheur”, écrivait-il de la prison à Mgr Philippe, Évêque du Luxembourg.
“Le jour même de mon arrivée à Valence, on m ‘a emprisonné dans Carcere Modello de la ville, en compagnie d’autres prêtres, religieux et laïcs. Mais, grâce à Dieu, je suis tranquille et préparé à ce que la Divine Providence décidera de moi. J’occupe la cellule 476, galerie quatre”, écrivit-il à Monsieur le Maire de Garaballa (Cuenca), Anastasio Garro.
Durant le temps de la promenade, il s’agenouillait dans la cour pour prier le Bréviaire. A ceux qui le dissuadaient de ces manifestations, il répondait qu’il ne fallait pas se laisser guider par des raisonnements humains mais confesser sa propre foi en Christ et imiter ainsi les martyrs des premiers siècles. Pendant la journée, les prisonniers se réunissaient en groupes, le matin pour prier les Litanies des Saints, l’après-midi pour réciter le Rosaire. Le P. Juan avait son groupe, mais souvent, il s’adressait aussi à d’autres groupes pour les animer et pour les exhorter. Un professeur du Séminaire vint pour lui rendre visite, en apportant l’Eucharistie. Le P. Juan insista et obtint de pouvoir garder pour lui, toute la journée, le Saint-Sacrement. C’était pour lui une journée céleste. (le P. Tomâs Vega, rédemptoriste, compagnon de prison).
“Il ne cacha jamais son état de religieux, jusqu'à dessiner un Chemin de Croix sur les murs de sa cellule. Quand on 1‘a découvert, on 1‘a insulté et on voulut le transférer au cachot: ce qui, heureusement, n‘arriva pas.” (un autre témoin, compagnon de prison).
“Il ne fit jamais rien, que je sache, pour recouvrer la liberté. Plus d’une fois, il me dit qu ‘il était disposé à faire ce que Dieu lui demanderait... Il se comporta toujours comme un prêtre très digne. Chaque fois quand on lui disait qu’on avait tué un de ses compagnons de prison, il répondait toujours qu‘il était prêt à faire ce que Dieu voudrait” (Antonio Meseguer Lleonart, électricien et plombier détenu dans la même prison).
“Je me rappelle l’avoir vu tous les jours dans la cour de la prison prier avec son livre de prières, pendant une heure ou une heure et demi, vers le soir. On le voyait tant prier que quelqu‘un avait dit: “un jour, on va tuer le "Père grand veston" comme un petit oiseau”
Son comportement du temps de son emprisonnement fut extraordinaire, d’une grande sérénité et tranquillité d’esprit Ce que je ne pourrais pas dire de beaucoup de mes compagnons de prison” (Baron Emilio Frigola Ferrer, compagnon de prison).
Les témoins attestent que quand on l’a extrait de sa cellule “il allait - au martyre -joyeux et allègre, presqu‘en bondissant de joie” (le P. Lorenzo Cantô Abad).
Le martyre couronna ainsi une vie sainte, toute vouée à Dieu et au bien des âmes, une vie d’amour et d’oblation réparatrice au Christ, et de ferveur pour le salut des âmes.

4. Vénération du peuple
“Selon l’opinion générale de la population, sa mort fut un véritable martyre. ... Je sais que dans tout le Nord de l'Espagne, très nombreux sont ceux qui invoquent le Serviteur de Dieu et se recommandent à lui” (le P. Lorenzo Cantô).
“Je sais qu‘il y a des gens qui se confient au Serviteur de Dieu, et disent avoir reçu des grâces par son intercession. J’en ai reçu plusieurs témoignages de gens qui venaient pour voir sa tombe.” (le P. Ignazio Maria Belda Perez).
Un Père du Saint-Sacrement (le P. Antonio Gomez Barrena) qui avait l’habitude d’héberger le P. Juan pendant ses voyages de quête, évoque le P. Garcia dans les termes suivants: “Maintenant, depuis que j‘ai eu la nouvelle de son martyre, je me rends compte que le P. Juan était un prêtre duquel on pourrait dire, d’après une phrase de St Paul, que ce n ‘était pas lui qui vivait mais c‘était le Christ qui vivait en lui

 


AVANT-PROPOS, EXERGUE - CAUSES INTRODUITES