Le Père PARIS Joseph
(1910 -1993)

Né le 03.02.1910 à Landrecies (59)
Profès le 29.09.1928 à Brugelette
Perpétuelle le 15.11.1933 à Lille
Prêtre le 05.07.1936 à Lille
Décès le 21.05.1993 à Mougins

Le jeudi 20 mai, fête de l'Ascension, le Père Joseph PARIS était encore bien conscient. Il l'est d'ailleurs pratiquement resté jusqu'à la fin. Les confrères qui l'ont visité et le personnel soignant ont essayé de lui faire vivre au mieux, spirituellement, cette fête. Le lendemain 21 mai, à 4 heures du matin, c'est dans la lumière de cette fête de l'Ascension qu'il a fermé les yeux à la lumière de ce monde pour les ouvrir à la lumière éternelle de Dieu. Et ce, dans la 84ème année de son âge, la 65éme de sa Profession Religieuse et la 57éme de son Sacerdoce.
En tête de liste de notre "Elenchus" (annuaire religieux), il était le religieux le plus ancien de notre Province Française et le seul à avoir encore connu notre fondateur, le Père DEHON.
Le Père Joseph PARIS est né le 3 février 1910 à LANDRECIES (Nord).
En octobre 1920, âgé de 10 ans, il entre à 1'Ecole Apostolique Saint-Clément de THIEU en Belgique. (C'est à ce moment-là, entre 1920 et 1925, à 1'occasion d'une Fête, qu'il fait la connaissance du Père DEHON).
En juin 1927, âgé de 17 ans, il entre au Noviciat de BRUGELETTE. Il y fait Profession Religieuse l'année suivante, le 29 septembre 1928.
Durant une année il est professeur à l'Ecole Apostolique de BLAUGIES. De 1929 à 1931, il fait ses études de philosophie à LOUVAIN. De 1931 à 1932, il fait son service militaire à ALGER. De 1932 à 1933, il est professeur à l'Ecole Apostolique Saint-Clément de VIRY-CHATILLON. De 1933 à 1937, il fait ses études de théologie à LILLE.
Le 5 juillet 1936,il y est ordonné prêtre ainsi que sept autres confrères dont l'un est encore bien vivant (92 ans) à MOUGINS: le Père Charles SPITZ
Après avoir terminé sa 4ème année de théologie, le Père Joseph va poursuivre ce qu'il a commencé. Il va se consacrer au professorat dans nos Ecoles Apostoliques en France puis en Afrique. Il sera professeur durant deux ans à Saint-Clément (1937-1939). Mobilisé pendant la guerre 1939/40, il sera ensuite professeur à Neussargues durant sept ans (de 1940 à 1947), puis il le sera au Cameroun durant vingt sept ans (de 1948 à 1975).
En 1975, il rentre définitivement en France et est nommé à la communauté de Viry-St-Clément. Il y reste jusqu'au 19 août 1982, date où il rejoint la communauté de Mougins. En retraite de professorat, il ne s'ennuiera jamais. Il sera toujours un homme heureux. 11 suffira qu'il ait entre les mains un livre (aux pages les plus jaunies possible) et à la bouche une pipe. En même temps, il témoignera d'une très grande disponibilité pour assurer l'un ou l'autre ministère sacerdotal à l'extérieur: messes, prédications, confessions, etc... Il consacrera aussi une grande partie de son temps à effectuer des traductions de textes (surtout écrits du Père Dehon) au service de la Maison Généralice.
Depuis plusieurs mois, il s'affaiblissait de plus en plus, miné par la maladie. Quant à lui, il ne s'inquiétait nullement. Lorsqu'il a été averti de la gravité de son état, loin de s'affoler, il a accepté la réalité avec beaucoup de foi. Il en a tiré cette conclusion, résumée dans cette phrase: "Je n'ai plus qu'à me préparer". Et il m'a posé cette question: "Qu'est-ce que je dois faire ?".
Dans sa situation qui devenait de moins en moins confortable (sans trop de souffrances physiques cependant), il est resté très naturel et abandonné, comme un enfant. Extérieurement, il n'a rien changé dans son attitude. Il a gardé sa sérénité, son sourire et même son humour. Pour preuve, voici quelques faits tout simples:
-Durant plusieurs jours les épreuves de santé se succèdent. En plus de sa maladie, il souffre d'un fort mal de dent, puis, tombant de son lit, il se fracture plusieurs côtes. Il m'explique cela en riant: je lui dis: "Et ça vous fait rire ?". Il me répond en riant: "Que voulez-vous que je fasse d'autre?".
-Une fois alité d'une façon permanente et comme prisonnier dans son lit, il s'offrait le luxe, si j'ose dire, de grignoter en bonne quantité des petits biscuits «BRUN» "Ça remplace la pipe", disait-il. Lors d'une visite, je le vois en train de sortir ces biscuits d'un paquet pour les déposer sur une assiette. Je luis dis: "Vous êtes bien occupé avec vos petits gâteaux !". Il me répond en riant: "Que voulez-vous, il faut bien que je travaille un peu".
-Lors d'une visite en fin de journée, il me dit: "J'ai bien dormi cet après-midi". Et il ajoute: "C'est important de pouvoir bien dormir le jour quand on ne peut pas faire autre chose. Je lui réponds: "Vous avez raison. Mais je constate que, quand vous ne dormez pas, vous faites quelque chose de très important: vous priez avec le gros chapelet que vous avez autour du cou. Il me dit, toujours en riant: "11 faut bien que je prie pour avoir la force d'accepter les prédictions qui m'ont été faites".
Le Père Joseph laisse le témoignage d'un religieux fervent, très attaché aux valeurs de la vie religieuse, à l'esprit, à la spiritualité de la Congrégation ainsi qu'à leurs expressions dans les formules et les prières. Dans ses homélies ou causeries, il avait toujours à coeur de citer des paroles du Père Dehon et des passages de nos Constitutions. Bien sûr, il était un tantinet rigoriste et à cheval sur les principes; ce qui ne l'empêchait pas d'être un homme de grand coeur, bon, délicat, toujours souriant avec ses rires et ses sourires bien à lui. Dans les conversations, en cas de conflits d'opinions, il avait l'art "d'arrondir les angles", comme on dit.
Intellectuel, cultivé, il l'était. Mais, en même temps, il avait les pieds bien sur terre, toujours attentif aux personnes et aux événements, y compris durant sa maladie. Ses visiteurs n'avaient guère le temps de lui poser la question: "comment ça va". Il était toujours le premier à la poser. Et il ajoutait ordinairement cette question: "Quoi de neuf ?". Un malade qui ne se repliait pas sur lui-même... Loin de là ! Et tous ceux qui sont allés le visiter peuvent témoigner qu'ils ne sont jamais sortis de chez lui sans avoir entendu cette phrase qui sortait vraiment du fond de son coeur: "Merci de votre visite !".
Père Joseph, à nous aujourd'hui qui vous avons connu, avons vécu avec vous de vous dire "merci". Merci pour votre présence, vos bonnes paroles, votre sourire, votre bonté qui ont été pour nous autant de visites de Dieu. Et avec vous nous disons "merci" au Seigneur pour tout ce qu'il a réalisé de bien et de beau en vous et par vous ici en France et au Cameroun.
Père Marcel DELODDERE scj


AVANT-PROPOS, EXERGUE - CAUSES INTRODUITES