Le Frère PICARD Gabriel (Raphaël)
(1875 - 1899)

Né le 10.02.1875 à Jouy sous les Côtes (Meuse)
Profès le 04.09.1899 à Fayet
Décès le 09.12.1899 à Rome
Frère Clerc

 

Extrait d’un article du P. Fr. Héberlé paru dans le «Petit-clerc du S-C»
Octobre 1936 :

«D'autres jeunes talents, pleins de promesses, s'exercèrent aussi à l'ornementation de la scène dans la belle salle de spectacles qui fut aménagée vers 1892. Les tableaux et panneaux dus au pinceau du Frère Picard. et le souvenir de sa belle intelligence, firent regretter longtemps la perte prématurée, durant ses études à Rome, de ce jeune religieux artiste, l'un des plus brillants sujets qui aient passé à Saint-Clément.»
Voici d’ailleurs, paru dans le même numéro, l’un des tableaux peint par le frère : il représente : Ste Cécile jouant de la Harpe.

Ste Cécile, Patronne des musiciens

L'entrée en jouissance de l'étage où nous allions habiter (1), fut marquée d'un deuil: au cours de l'emménagement de la mi-décembre 1899, le frère Raphaël Picard, jeune philosophe aussi distingué par son esprit religieux et par sa piété que par son talent, y rendit son âme à Dieu. Avant sa venue à Rome, le frère Raphael avait achevé, pour la modeste salle de spectacles de Saint-Clément, un rideau de scène aux proportions respectables; le regard s'y reposait, avec une profonde impression de paix, sur un paysage où tout était enchantement. Etait-ce une échappée sur le mystérieux Eden des poètes, que cette perspective harmonieuse et variée, aux reliefs puissants, aux coloris à Ia Puvis-de-Chavannes, aux lointains diaphanes et flous comme ceux qui servent de théatre à nos rêves ?. . ou plutôt ne faut-il pas y voir l'essai bien senti d'une âme idéaliste, imaginant sur la toile avec des couleurs de la terre.., un coin de ce paradis que l'œil humain n'a pas exploré, dont elle avait pourtant la nostalgie et où, si tôt, elle allait émigrer ?. . De part et d'autre de la scène, le même artiste avait campé, grandeur naturelle, un majestueux David pinçant le nébel et une délicieuse sainte Cécile. (ci-dessus)

(1) Il s’agit de la Maison de Rome, Piazza di Campitelli
C'était alors l'époque où une pléiade de professeurs, dont on aura tout dit après avoir nommé le Révérendissime Père Philippe, le regretté Père Luc (Barth), le dévoué Père Rattaire, élevaient à un niveau qui ne fut jamais dépassé, l'âme et l'esprit des Petits Clercs de Saint-Clément. Avec le Père Philippe, la grammaire grecque devenait presque attrayante et cessait d'être énigmatique, tandis que le traité « Du Sacerdoce » expliqué et commenté comme il savait le faire, ouvrait sur l'idéal des horizons, qui à trente-cinq ans de distance, n’ont rien perdu de leur splendeur. Avec le Père Rattaire, c'était le travail d'arrache-pied pour assimiler les littératures classiques... et la grammaire latine. .. en latin, de Mario Laplana. Avec le Père Luc (Barth), cet homme universel, éveilleur d'idéal, également éminent en français, en grec, en latin, en allemand, en technique musicale et instrumentale, dont la mort prématurée au Congo laissa tant de regrets.., avec le frère Raphaël enfin, les profanes devenaient religieux, ou les béotiens, artistes...
A l'évocation de ces temps révolus, dont la grisaille se dégrade, noyée dans le recul d'un quart de siècle au moins... et qui, nimbés de l'auréole du passé apparaissent si beaux, si câlins, si enchanteurs, les Anciens de Saint-Clément aiment encore à se représenter, comme à travers un nuage, dans une sorte de clair-obscur, les essais du frère Raphaël.., David.., sainte Cécile.., le rideau du théatre.., tout le cadre enfin d'un passé plein de charme, tandis que, sur le mode héroïque, se répercutent dans leur mémoire, les derniers échos mourants de l'hymne scripturaire harmonisé par le Père Luc: « Percussit Philistaeum. . . et abstulit opprobrium ex Israël. . . » Et la résurrection de ce passé inoubliable s'achève dans les suaves modulations, qui se déroulaient, à l'époque des neiges d'antan.., sous la baguette magistrale du Père Luc ou du Père G. Brovillé...
Le couronnement le plus envié de leurs efforts, à la suite des humanités, n'était autre pour quelques-uns des meilleurs élèves de Saint-Clément et des autres écoles, que l'annonce de leur départ pour les universités de Rome; ils étaient sûrs d'y trouver, joint aux avantages que l'on sait, celui de faire enfin plus ample et intime connaissance avec le « Très Bon Père. »
«LE PERE DEHON ET SON OEUVRE» pages 400/401


AVANT-PROPOS, EXERGUE - CAUSES INTRODUITES