Il est des
liens plus forts que la vie et la mort tels ceux qui unissaient
à Viry-Châtillon le Pè-re Gabrlel Potet qui
en fut pendant près de trente ans le pas-teur. Aussi, depuis
le 16 février dernier, est-il venu reposer au milieu de ceux
auxquels il avait donné tout son cur, toute sa vie.
Devant le seuil de son église, aux côtés de
son prédécesseur, le Père Desprez, quil
vénérait, Il attend ce jour de la Résurrection,
où il se retrouvera vivant au mi-lieu de son troupeau, pour
chan-ter éternellement la gloire de Dieu.
Combien serons-nous, parmi ses paroissiens. qui lui devront alors,
qui devront à son inlassa-ble dévouement, à
sa brûlante foi, à son inébranlable espéran-ce,
à sa charité si spirituelle, de nous retrouver ce
jour-là parmi les brebis appelées à la maison
du Père?
Impossible, quand on lévoque, de ne pas penser au Bon
Pasteur de IÉvangile, celui qui donne sa vie pour ses
brebis. Et sa vie, le Père Potet la donnée pour
Viry--Châtillon. Après avoir épuisé ses
forces au service de son trou-peau, quand il ne se sentit plus capable
du travail écrasant quil accomplissait, avec une infinie
discrétion, il sest effacé, repre-nant ailleurs
un service moins lourd, mais auquel il sest donné jusquau
dernier souffle. Que de courage dans ce sacrifice, quand on mesure
tout ce que le Père Potet avait fait à Viry, tout
- ce qui y était sien, mais quil avait dès le
premier jour donné au Sei-gneur.Arrivé en 1931, à
cette époque héroïque où il avait fallu
le livre retentissant du Père Lhande pour que la France prit
conscience quaux portes de Paris, une vé-ritable brousse
attendait ses mis-sionnaires, le jeune religieux, qui avait fait
ses, vux dans une congrégation missionnaire, sest
lancé dans la tâche avec, une fougue que les années
nont ja-mais refroidie. Bâtisseur, il a laissé
après lui deux écoles, deux colonies de vacances,
lamorce dune magnifique église, quil na
pas eu le joie de voir finie et il avait édifié pour
desservir le Pla-teau, la chapelle qui a été rem-placée
par une troisième église par la suite.
Animateur, il suscitait les dé-vouements, et obtenait presque
toujours ce quil voulait. Oh ! cer-tes. il arrivait quil
fît parfois usa-ge de la houlette pour ramener dans le droit
chemin une brebis récalcitrante. Mais nest-ce pas là
le devoir. du pasteur qui a charge dâmes ? Et ceux mêmes
qui grommelaient parfois con-tre des explosions ou des actes dautorité,
ne pouvaient manquer de partager la satisfaction quap-portaient
les résultats dus à cet-te ferme direction.
Scouts et Guides, Cercle Saint--Denis, Cercle Saint-Gabriel, A.C.
G.F., Enfants de Marie, Louise de Marillac, Bibliothèque,
Comité de Presse, etc...,
et mouvements adaptés aux personnalités et aux tâches
à remplir, les paroissiens se retrou-vaient et travaillaient.
Bruissante de vie, la kermesse était vrai-ment la fête
de famille bien plus encore que le moyen de subvenir aux dépenses.
Mais cétaient sur-tout les cérémonies
liturgiques qui manifestaient la vie de la communauté paroissiale.
Plus quà aucune oeuvre ou mouvement, le Père
Potet était attaché à la liturgie, à
lhommage rendu par lÉglise au Seigneur son Dieu.
Chorale, enfants de chur étaient lobjet de tous
ses soins. Grandmesses, processions, veillées de Noèl
et de Pâques, se déroulaient avec un éclat,
une majesté, qui étaient des actes de foi. Comment
oublier ces pre-mières cérémonies de la bénédic-tion
du feu nouveau, au soir du samedi saint, sur le parvis de Saint-Denis?
Ou la bénédiction de la statue de Notre-Dame de Confiance,
dont le vocable ex-primait si bien lattitude de petit enfant
que cet homme si énergi-que par ailleurs, avait à
légard de la Vierge?
Il avait tenu à ériger cette sta-tue sur une place
publique de la ville, car il avait le souci cons-tant que la religion
pénètre la vie publique. Cest sous la même
impulsion quil avait fondé Viry--Message, journal de
Viry-Châtil-Ion autant que bulletin paroissial, trait dunion
entre tous les ha-bitants, en même temps que por-teur à
tous du message du Christ.
On se méprendrait pourtant sur le Père Potet si la
forte person-nalité quil était sans aucun dou-te
masquait la vie spirituelle pro-fonde du prêtre. Prêtre,
il létait avant tout, homme de Dieu, con-sacré
à Dieu, dévoré de zèle pour la maison
de Dieu ~, comme dit un verset si opportunément rappelé
à ses obsèques par le R.P. Bourgeois, Provincial des
Pè-res du Sacré-Cur. Cette ar-deur, qui le brûlait,
qui enflam-mait son entourage et tout son troupeau, salimentait
à une vie intérieure intense, très délicate,
très mariale, dont il exprimait peu, mais qui rayonnait.
Et parce quil était prêtre avant tout, il navait
pas de souci plus cher que celui des vocations re-ligieuses et sacerdotales,
Il avait, pour composer le conseil curial, choisi ce critère,
et sétait entou-ré de paroissiens qui avaient
un fils ou un frère prêtre, pensant que les familles
où lappel du Seigneur avait été entendu,
étaient celles qui étaient les plus proches du pasteur.
Sa plus gran-de joie a certainement été da-voir
pu, pendant son ministère, voir Viry donner près de
vingt prêtres et religieuses à lÉglise.
Pasteur, père, prêtre, Il avait donné se vie
pour amener à Dieu le troupeau qui lui avait été
con-fié, et pour donner Dieu aux au-tres en se donnant lui-même
à Dieu. Cest plus que le messa-ge luvre
et la leçon dune existence donnée, que résume
la lettre posthume que, de léternité, il a voulu
adresser à sa chère paroisse
«Votre force sera dans lunion complète avec votre
curé et son clergé. Comme je vous lai ai souvent
répété, tra-vaillez la main dans la main pour
bâtir à Viry la Cité de Dieu. »(VIRY-MESSAGE.)Voici
ce que nous a écrit le Père Potet
peu de temps avant sa mort
Mes très chers Paroissiens,
Quand vous entendrez lire cette lettre, je serai déjà
parti pour léternité, et ce nest pas sans
une très vive émotion que lon apprend la nouvelle
dun décès, surtout dun prêtre qui
a été parmi vous à peu près toute sa
vie sacerdotale, cest-à-dire une trentaine dannées.
Aussi, ai-je pensé à vous adresser cette lettre pos-thume
dabord pour vous demander pardon de mes négligences
et défauts de mon caractère. En second lieu pour vous
rappeler que jai quitté cette terre en pensant toujours
à vous et en vous aimant.
Nous avons, les anciens et moi, passé ensemble des heures
inoubliables tant en fêtes religieuses splen-dides que profanes.
A tous, je dois du fond du cur, un merci. Sans doute, il na
pas toujours été facile de manuvrer une paroisse
comme Viry-Châtillon. Cependant, grâce au dévouement
de tous, nous sommes arrivés à des ré-sultats
très appréciables.
Quand on parle du début où il ny avait que la
famille scout!
En vous quittant pour toujours et dans des mo-ments si difficiles
pour lexpansion de Viry, laissez-moi au moins vous supplier
de garder entre vous tous les-prit de famille.
Vous bâtissez la cité chrétienne, et partout,
dans les quartiers, il y a un travail écrasant et considérable.
Votre force sera dans lunion complète avec votre Curé
et son clergé.
Comme je vous lai si souvent répété travaillez
la main dans la main pour bâtir à Viry la Cité
de Dieu.
Voilà, chers anciens paroissiens, les sentiments posthumes
de vos anciens Pasteurs qui se recomman-dent à vos prières.
Je vous remercie aussi des messes que vous ferez célébrer
à ma mémoire comme pour mon prédécesseur
immédiat, M. labbé Henri Després.
Père POTET.
AVANT-PROPOS,
EXERGUE - CAUSES
INTRODUITES
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