Le Père POTET Gabriel (Dominique)
(1899 - 1966)

Né le 30.03.1899 à Le Plaine sur Mer (44)
Profès le 06.05.1920 à Brugelette
Perpétuelle le 28.09.1923 à Louvain
Prêtre le 25.07.1926 à Louvain
Décès le 12.02.1966 à Montferrier sur Lez (34)
Cons Prov. GA (1946-1952)

Il est des liens plus forts que la vie et la mort tels ceux qui unissaient à Viry-Châtillon le Pè-re Gabrlel Potet qui en fut pendant près de trente ans le pas-teur. Aussi, depuis le 16 février dernier, est-il venu reposer au milieu de ceux auxquels il avait donné tout son cœur, toute sa vie. Devant le seuil de son église, aux côtés de son prédécesseur, le Père Desprez, qu’il vénérait, Il attend ce jour de la Résurrection, où il se retrouvera vivant au mi-lieu de son troupeau, pour chan-ter éternellement la gloire de Dieu.
Combien serons-nous, parmi ses paroissiens. qui lui devront alors, qui devront à son inlassa-ble dévouement, à sa brûlante foi, à son inébranlable espéran-ce, à sa charité si spirituelle, de nous retrouver ce jour-là parmi les brebis appelées à la maison du Père?
Impossible, quand on l’évoque, de ne pas penser au Bon Pasteur de I’Évangile, celui qui donne sa vie pour ses brebis. Et sa vie, le Père Potet l’a donnée pour Viry--Châtillon. Après avoir épuisé ses forces au service de son trou-peau, quand il ne se sentit plus capable du travail écrasant qu’il accomplissait, avec une infinie discrétion, il s’est effacé, repre-nant ailleurs un service moins lourd, mais auquel il s’est donné jusqu’au dernier souffle. Que de courage dans ce sacrifice, quand on mesure tout ce que le Père Potet avait fait à Viry, tout - ce qui y était sien, mais qu’il avait dès le premier jour donné au Sei-gneur.Arrivé en 1931, à cette époque héroïque où il avait fallu le livre retentissant du Père Lhande pour que la France prit conscience qu’aux portes de Paris, une vé-ritable brousse attendait ses mis-sionnaires, le jeune religieux, qui avait fait ses, vœux dans une congrégation missionnaire, s’est lancé dans la tâche avec, une fougue que les années n’ont ja-mais refroidie. Bâtisseur, il a laissé après lui deux écoles, deux colonies de vacances, l’amorce d’une magnifique église, qu’il n’a pas eu le joie de voir finie et il avait édifié pour desservir le Pla-teau, la chapelle qui a été rem-placée par une troisième église par la suite.
Animateur, il suscitait les dé-vouements, et obtenait presque toujours ce qu’il voulait. Oh ! cer-tes. il arrivait qu’il fît parfois usa-ge de la houlette pour ramener dans le droit chemin une brebis récalcitrante. Mais n’est-ce pas là le devoir. du pasteur qui a charge d’âmes ? Et ceux mêmes qui grommelaient parfois con-tre des explosions ou des actes d’autorité, ne pouvaient manquer de partager la satisfaction qu’ap-portaient les résultats dus à cet-te ferme direction.
Scouts et Guides, Cercle Saint--Denis, Cercle Saint-Gabriel, A.C. G.F., Enfants de Marie, Louise de Marillac, Bibliothèque, Comité de Presse, etc...,
et mouvements adaptés aux personnalités et aux tâches à remplir, les paroissiens se retrou-vaient et travaillaient. Bruissante de vie, la kermesse était vrai-ment la fête de famille bien plus encore que le moyen de subvenir aux dépenses. Mais c’étaient sur-tout les cérémonies liturgiques qui manifestaient la vie de la communauté paroissiale.
Plus qu’à aucune oeuvre ou mouvement, le Père Potet était attaché à la liturgie, à l’hommage rendu par l’Église au Seigneur son Dieu. Chorale, enfants de chœur étaient l’objet de tous ses soins. Grand’messes, processions, veillées de Noèl et de Pâques, se déroulaient avec un éclat, une majesté, qui étaient des actes de foi. Comment oublier ces pre-mières cérémonies de la bénédic-tion du feu nouveau, au soir du samedi saint, sur le parvis de Saint-Denis? Ou la bénédiction de la statue de Notre-Dame de Confiance, dont le vocable ex-primait si bien l’attitude de petit enfant que cet homme si énergi-que par ailleurs, avait à l’égard de la Vierge?
Il avait tenu à ériger cette sta-tue sur une place publique de la ville, car il avait le souci cons-tant que la religion pénètre la vie publique. C’est sous la même impulsion qu’il avait fondé Viry--Message, journal de Viry-Châtil-Ion autant que bulletin paroissial, trait d’union entre tous les ha-bitants, en même temps que por-teur à tous du message du Christ.
On se méprendrait pourtant sur le Père Potet si la forte person-nalité qu’il était sans aucun dou-te masquait la vie spirituelle pro-fonde du prêtre. Prêtre, il l’était avant tout, homme de Dieu, con-sacré à Dieu, dévoré de zèle pour la maison de Dieu ~, comme dit un verset si opportunément rappelé à ses obsèques par le R.P. Bourgeois, Provincial des Pè-res du Sacré-Cœur. Cette ar-deur, qui le brûlait, qui enflam-mait son entourage et tout son troupeau, s’alimentait à une vie intérieure intense, très délicate, très mariale, dont il exprimait peu, mais qui rayonnait.
Et parce qu’il était prêtre avant tout, il n’avait pas de souci plus cher que celui des vocations re-ligieuses et sacerdotales, Il avait, pour composer le conseil curial, choisi ce critère, et s’était entou-ré de paroissiens qui avaient un fils ou un frère prêtre, pensant que les familles où l’appel du Seigneur avait été entendu, étaient celles qui étaient les plus proches du pasteur. Sa plus gran-de joie a certainement été d’a-voir pu, pendant son ministère, voir Viry donner près de vingt prêtres et religieuses à l’Église.
Pasteur, père, prêtre, Il avait donné se vie pour amener à Dieu le troupeau qui lui avait été con-fié, et pour donner Dieu aux au-tres en se donnant lui-même à Dieu. C’est plus que le messa-ge l’œuvre et la leçon d’une existence donnée, que résume la lettre posthume que, de l’éternité, il a voulu adresser à sa chère paroisse
«Votre force sera dans l’union complète avec votre curé et son clergé. Comme je vous l’ai ai souvent répété, tra-vaillez la main dans la main pour bâtir à Viry la Cité de Dieu. »(VIRY-MESSAGE.)Voici ce que nous a écrit le Père Potet
peu de temps avant sa mort
Mes très chers Paroissiens,
Quand vous entendrez lire cette lettre, je serai déjà parti pour l’éternité, et ce n’est pas sans une très vive émotion que l’on apprend la nouvelle d’un décès, surtout d’un prêtre qui a été parmi vous à peu près toute sa vie sacerdotale, c’est-à-dire une trentaine d’années.
Aussi, ai-je pensé à vous adresser cette lettre pos-thume d’abord pour vous demander pardon de mes négligences et défauts de mon caractère. En second lieu pour vous rappeler que j’ai quitté cette terre en pensant toujours à vous et en vous aimant.
Nous avons, les anciens et moi, passé ensemble des heures inoubliables tant en fêtes religieuses splen-dides que profanes.
A tous, je dois du fond du cœur, un merci. Sans doute, il n’a pas toujours été facile de manœuvrer une paroisse comme Viry-Châtillon. Cependant, grâce au dévouement de tous, nous sommes arrivés à des ré-sultats très appréciables.
Quand on parle du début où il n’y avait que la famille scout!
En vous quittant pour toujours et dans des mo-ments si difficiles pour l’expansion de Viry, laissez-moi au moins vous supplier de garder entre vous tous l’es-prit de famille.
Vous bâtissez la cité chrétienne, et partout, dans les quartiers, il y a un travail écrasant et considérable.
Votre force sera dans l’union complète avec votre Curé et son clergé.
Comme je vous l’ai si souvent répété travaillez la main dans la main pour bâtir à Viry la Cité de Dieu.
Voilà, chers anciens paroissiens, les sentiments posthumes de vos anciens Pasteurs qui se recomman-dent à vos prières. Je vous remercie aussi des messes que vous ferez célébrer à ma mémoire comme pour mon prédécesseur immédiat, M. l’abbé Henri Després.

Père POTET.


AVANT-PROPOS, EXERGUE - CAUSES INTRODUITES