Il était
scolastique à Louvain. Voici quelques détails
à son sujet donnés par sa famille. Quand la guerre
éclata, il était du service auxiliaire. Versé
en novembre 1914 dans le service armé, il accepta son sort
courageusement, malgré les instances de ceux qui l'engageaient
à faire des démarches pour rester dans le service
auxiliaire, ou du moins pour passer dans le service de santé.
A tous il répondait: « Je ne demande rien; je ferai
ce qu'on me dira de faire; on peut faire son devoir partout. »
Il changea plusieurs fois de régiment, de pays; partout il
était résigné, malgré les souffrances
qu'il éprouvait au contact de soldats n'ayant pas toujours
les mêmes idées. Il était si bon que partout
où il a passé il ne s'est fait que des amis.
Après quatre mois d'instruction au dépôt, il
partit aux Dardanelles, triste, mais courageux.
Il avait été nommé infirmier de sa compagnie
par son lieutenant qui avait su apprécier sa bonté
et sa douceur. Il en fut grandement reconnaissant à cet officier,
tombé lui-même aux Dardanelles, et qui fut ramassé
et soigné par Joseph.
Le Sacré-Cur lui avait donc fait la grâce de
ne pas verser le sang, chose qui lui était très pénible.
Néanmoins il était en danger continuel, allant ramasser
les blessés jusque sur le champ de bataille, où il
faillit plusieurs fois trouver la mort, ce qui lui valut deux citations.
Ses lettres étaient courtes, mais pleines de sentiments religieux
et de paroles dencouragement: «Je n'ai pour arme que
mon chapelet, et c'est lui qui m'a toujours protégé.
Que de bien je pourrais faire si j'étais prêtre ! Je
me contente de prier et de faire prier mes chers blessés.
»
Que de souffrances physiques et morales endurées pendant
cette expédition ! Souvent il se demandait comment il avait
échappé à la mort. Mais tout n'a qu'un temps.
Ayant contracté la fièvre typhoïde, il fut évacué
à Alexandrie, où il fut soigné par les Surs
de Charité. Il fut administré par un jésuite
de son pays qui le visitait tous les jours, ce qui lui faisait grand
bien.
Entré à l'hôpital en août 1915, il en
sortit en octobre pour venir une dernière fois dans sa patrie.
Quel heureux jour, après tant d'épreuves! Quelle surprise
pour nous qui ne pouvions le reconnaître tant il était
changé !
Mais l'air du pays le rétablit vite, le congé passa
rapidement, et il fallut repartir, incomplètement guéri.
Nous le priâmes en vain de demander une prolongation; il ne
le voulut point, disant: Ce n'est pas la peine; il faudra toujours
repartir.
Il resta au dépôt jusqu'en février 1916, où
il reprit le bateau pour Salonique, d'où il ne devait plus
revenir.
Pourtant ses dernières lettres étaient pleines de
courage, il paraissait plein d'assurance et nous disait: «Bientôt,
j'aurai le plaisir de vous revoir. »
On l'avait nommé de nouveau infirmier, et c'est en faisant
son devoir, très consciencieusement quune balle mettait
fin à son existence terrestre : Le frère Seyve eut,
du moins, le réconfort des secours religieux, quil
reçut dun prêtre infirmier.
Extrait de «QUELQUES PRETRES DU SACRE-COEUR
DE St-QUENTIN, MORTS AU CHAMP DHONNEUR. (1914-1918) »
AVANT-PROPOS,
EXERGUE - CAUSES
INTRODUITES
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