Le Frère SEYVE Jean-Baptiste (Joseph).
(1887 - 1916)

Né le 23.09.1887 à St-Etienne (Loire)
Profès le 28.11.1913 à Brugelette
mort le 24.10.1916 à Kenali (Macédoine)
Frère Clerc

 

Il était scolastique à Louvain. Voici quelques détails à son sujet donnés par sa famille. Quand la guerre éclata, il était du service auxiliaire. Versé en novembre 1914 dans le service armé, il accepta son sort courageusement, malgré les instances de ceux qui l'engageaient à faire des démarches pour rester dans le service auxiliaire, ou du moins pour passer dans le service de santé. A tous il répondait: « Je ne demande rien; je ferai ce qu'on me dira de faire; on peut faire son devoir partout. »
Il changea plusieurs fois de régiment, de pays; partout il était résigné, malgré les souffrances qu'il éprouvait au contact de soldats n'ayant pas toujours les mêmes idées. Il était si bon que partout où il a passé il ne s'est fait que des amis.
Après quatre mois d'instruction au dépôt, il partit aux Dardanelles, triste, mais courageux.
Il avait été nommé infirmier de sa compagnie par son lieutenant qui avait su apprécier sa bonté et sa douceur. Il en fut grandement reconnaissant à cet officier, tombé lui-même aux Dardanelles, et qui fut ramassé et soigné par Joseph.
Le Sacré-Cœur lui avait donc fait la grâce de ne pas verser le sang, chose qui lui était très pénible. Néanmoins il était en danger continuel, allant ramasser les blessés jusque sur le champ de bataille, où il faillit plusieurs fois trouver la mort, ce qui lui valut deux citations.
Ses lettres étaient courtes, mais pleines de sentiments religieux et de paroles d’encouragement: «Je n'ai pour arme que mon chapelet, et c'est lui qui m'a toujours protégé. Que de bien je pourrais faire si j'étais prêtre ! Je me contente de prier et de faire prier mes chers blessés. »
Que de souffrances physiques et morales endurées pendant cette expédition ! Souvent il se demandait comment il avait échappé à la mort. Mais tout n'a qu'un temps.
Ayant contracté la fièvre typhoïde, il fut évacué à Alexandrie, où il fut soigné par les Sœurs de Charité. Il fut administré par un jésuite de son pays qui le visitait tous les jours, ce qui lui faisait grand bien.
Entré à l'hôpital en août 1915, il en sortit en octobre pour venir une dernière fois dans sa patrie. Quel heureux jour, après tant d'épreuves! Quelle surprise pour nous qui ne pouvions le reconnaître tant il était changé !
Mais l'air du pays le rétablit vite, le congé passa rapidement, et il fallut repartir, incomplètement guéri. Nous le priâmes en vain de demander une prolongation; il ne le voulut point, disant: Ce n'est pas la peine; il faudra toujours repartir.
Il resta au dépôt jusqu'en février 1916, où il reprit le bateau pour Salonique, d'où il ne devait plus revenir.
Pourtant ses dernières lettres étaient pleines de courage, il paraissait plein d'assurance et nous disait: «Bientôt, j'aurai le plaisir de vous revoir. »
On l'avait nommé de nouveau infirmier, et c'est en faisant son devoir, très consciencieusement qu’une balle mettait fin à son existence terrestre : Le frère Seyve eut, du moins, le réconfort des secours religieux, qu’il reçut d’un prêtre infirmier.
Extrait de «QUELQUES PRETRES DU SACRE-COEUR DE St-QUENTIN, MORTS AU CHAMP D’HONNEUR. (1914-1918) »

AVANT-PROPOS, EXERGUE - CAUSES INTRODUITES