le Père VISENTIN Arthur (Herménégilde)
(1916 - 1953)

Né le 14.09.1916 à Schelkingen (All)
Profès le 29.09.1937 à Amiens
Perpétuelle le 29.09.1940 à St-Cirgues (63)
Prêtre le 24.04.1943 à Clermont-Fd (63)
Décès le 03.07.1953 à Metz (57)
Miss. au Cam. (1947-1953)

De nombreux lecteurs auront reconnu avec émotion sur notre couverture, le visage du cher Père Visentin, mort prématurément le 3 juillet à Talange (Moselle), au cours d'un congé de repos.
Né le 14 septembre 1916 d'une famille ouvrière profondément chrétienne, c'est aux usines d`Hagondange qu’il entend l’appel de Dieu. Après avoir accompli ses études secondaires à l'école des vocations tardives des Prêtres du Sacré-Cœur, il prononce ses premiers vœux dans leur noviciat d'Amiens en 1937. Il est ordonné prêtre le jour de Pâques, en 1943. L'occupation, la guerre 1'empêchent de réaliser tout de suite son grand rêve de vie missionnaire. En attendant, il exerce la charge d'économe au scolasticat d’Uriage, et — coïncidence providentielle — lui qui venait de la paroisse ouvrière de Talange consacrée Jésus-Ouvrier, se voit confier la paroisse de Jésus-Ouvrier de Jarrie, prés d'Uriage.
Enfin le jour arrive où il peut partir pour le Cameroun: le 15 avril 1947, il s'embarque à Bordeaux. Nos lecteurs n'ont pas oublié les extraits de son «Journal de départ» qui ont paru dans Le Règne de cette époque. Maintenant que le Père a pour toujours quitté son pays, ses parents, ses amis pour aborder si loin, au rivage du paradis, notre cœur, ému, se console et espère à entendre son adieu:
« 15 avril 1947 — Dernière messe sur la terre de France: messe d'action de grâces pour ma vocation de missionnaire, messe de demande pour cet apostolat qui va commencer demain. Messe où tous ceux que je laisse me sont présents dans le Christ. Avec lui, je vous offre, vous tous, mes parents, mes amis. Je t’offre ma petite terre lorraine, emplie de fumées et de crassiers. Ouvriers, mes frères, je vous quitte pour aider un peu mon Christ en croix qui veut attirer à lui la terre entière... »
Le lendemain, en pleine mer, il notait, comme s'il pressentait sa mort prématurée: « C'est le Christ qui me pousse, et n'est-il pas vrai que c’est lui aussi qui me paiera, même si je n'ai pas le temps d'engranger la moisson ? »
Au Vicariat de Foumban, le Père Visentin est d'abord affecté à la fondation de la mission de Bandounga, puis à Bangangté, enfin à Bafang. Partout il travaille avec un zèle et un dévouement admirables. Inlassablement il parcourt la brousse et donne le Christ aux âmes. En même temps il se fait maçon et construit: c'est lui qui, avec l'aide d'un Frère, édifia la belle et grande église de Bangangté, que nos lecteurs ont pu admirer l'an dernier dans Le Règne.
Six années d'Afrique, aussi bien employées, ont ébranlé les forces du Père: un congé de repos s'impose. Il est à quelques mois de son retour en France, quand il apprend la mort de son père. Son cœur filial en est meurtri, mais il réagit en vrai prêtre pour qui seule compte la volonté de Dieu. Au début de cette année, le voilà de retour dans sa chère paroisse qui le fête. Malgré la fatigue, il continue à se donner au service d'autrui. Il apporte aux prêtres dans le ministère un concours inconditionné. Tour à tour, il est à Lourdes, à Vigy, à Talange pour les expositions missionnaires où son zèle est sans limites. A la fin du mois de juin, il doit s'aliter, épuisé, vaincu par la maladie. Quelques jours plus tard, le divin Ouvrier appelait son fidèle serviteur: Viens, entre dans la maison goûter la paix et la joie de ton Maître.
Au lendemain de la mort du Père Visentin, le R P. Bouclier, Supérieur Provincial des Prêtres du Sacré-Coeur, écrivait: « Le Père avait conscience des engagements pris aux jours de sa profession et de son ordination, et il s'efforçait de toute son âme, qui était simple et ardente, de les réaliser. Exigeant dans le service de Dieu et des âmes, il aimait la prière et le. travail... A présent, le Père jouit, nous l'espérons tous, de la vision de Dieu. Du haut du ciel, il continuera à être missionnaire. Mais comment n'être pas consterné par un départ aussi brutal et ne pas songer douloureusement de la place vide, alors que dans le Vicariat, comme ici les ouvriers sont si peu nombreux ! Disons notre peine à Dieu et prions-le avec confiance de susciter de nombreuses vocations.

AVANT-PROPOS, EXERGUE - CAUSES INTRODUITES