Le Frère ZJEZDRZALKA Jean (Casimir)
(1882 - 1938)

Né le 02.12.1882 à Slivno (Posen), (Pol.)
Profès le 25.09.1910 à Sittard
Décès le 24.02.1938 à Banka (Cam)
Miss. au Zaïre (1912-1919)
au Cameroun ((1920-1938)

Le 27 février, un télégramme nous annonçait le décès du frère Casimir, de notre mission du Cameroun. Des détails nous sont parvenus, que nous publions aujourd'hui. Nos amis, bienfaiteurs et lecteurs, y trouveront un sujet d'édification.
Ils verront ce que sont la vie, le dévouement, l'esprit de sacrifice de nos bons frères coadjuteurs, bras droits de nos missionnaires, dans l'œuvre de l’apostolat.
Le 24 février dernier, le R. P. Aimond et le Fr. Casimir de la mission de Dschang se rendaient à Bonabéri, en auto par la route de Bana.
A un tournant, pour éviter une voiture venant à bonne allure en sens inverse, un coup de volant brusque sur la droite, envoya la voiture rouler dans un ravin à 70 mètres de profondeur.
Le Frère Casimir eut la poitrine légèrement enfoncée, le R. P. Aimond une cuisse fracturée.
On vint aussitôt à leur secours.
Le Fr. Casimir, se sentait très mal, suppliait qu'on le laissa sur place, pour lui épargner les souffrances d'un difficile et douloureux transport.
Les deux blessés furent cependant remontés au bord de la route.
Avisé de l'accident, le R. P. Joseph Bernard arrivait de Banka, la mission la plus proche.
On plaça les deux malheureux dans une auto.
Quelques instants après le départ, le R. P. Bernard se rendit compte que le Fr. Casimir se mourait. I1 lui donna l’absolution et l'Extrême-Onction.
On fit au cher frère, qui avait beaucoup travaillé dans la mission, des funérailles splendides. Douze de ses con-frères s'étaient réunis à Banka pour l'accompagner à sa dernière demeure.
Aussitôt après les funérailles, Mgr Bouque, vicaire apostolique, prit le chemin de Bonabéri.
Il devait, le lendemain, y bénir l'église construite par les. RP. PP. Albani et Guth.
C’est à cette fête religieuse, qui devait être empreinte de la plus grande allégresse, pour la bénédiction de la première église du vicariat, que se rendaient le R. P. Aimond, fondateur et supérieur durant de longues années de la mission de Bonabéri et le Fr. Casimir, constructeur de la résidence des missionnaires.
Mais les voies de Dieu ne sont pas les voies humaines.
Le Fr. Casimir est allé au ciel recevoir la récompense de son labeur et de son dévouement. Le R. P. Aimond a passé ce jour de fête, sur un lit de l'hôpital de Douala. Epreuves et joies, en missions, plus que partout ailleurs sont entièrement mêlées.
Le Fr. Casimir était d'origine polonaise. Entré dans notre Institut en 1910, il partait en 1912 pour notre mission du Congo belge. Il y resta jusqu'en 1919. En mai de cette année il rentrait en Europe pour se reposer et refaire sa santé, ébranlé par sept ans de séjour et de travail sous les tropiques.
En juin 1920, il fait partie, avec les RR. PP. Mennecart et Bintener, du premier groupe de missionnaires qui va reprendre l'apostolat dans l'Adamaoua et relever la mission.
Il reste deux ans à Foumban, puis va rejoindre à Kumbo (Cameroun anglais) le Préfet apostolique qui l'y appelle.
En mai 1923, quand nous quittons définitivement le Cameroun anglais, le Fr. Casimir se rend à Dschang.
De là, il se rend dans les différents postes où des constructions sont nécessaires.
On le verra successivement à Foumban, Njinjang, Mbanga, Bonabéri, N'Konsamba, Dschang et j'en oublie...
Partout, il a été un religieux fervent, un travailleur acharné, infatigable, dur à la peine, actif, pressé de finir une tâche pour en commencer une autre, fût-elle plus pénible.
Souffrant du foie, ayant une poitrine délicate, il avait parfois des heures de silence et de mélancolie. Mais il était habituellement d'une gaieté franche, exubérante et communicative. Plus il avait de travail, plus sa joie était grande.
Il avait le talent de conter les histoires, de tenir sous le charme de son récit.
Son bonheur était de faire le catéchisme. Il se sentait alors missionnaire, véritablement.
A la sacristie, au potager, à la cuisine, partout, en plus de ses chantiers de construction, le Fr. Casimir a su se dévouer et se rendre utile. `
Et comme il a beaucoup aimé le Sacré-Cœur, comme dans les postes de missions, missionnaires et chrétiens ont beaucoup prié pour lui, nous pouvons espérer que Dieu lui aura déjà donné au ciel la récompense de son zèle, de ses labeurs et de son dévouement.
R. P. PLISSONNEAU, S. C. J.
(Le Règne 38° année mai/juin 1938)


....A BANJOUN le P. Sourie a comme compagnon le P. Albert qui s'est mis à l'étude de la langue indigène, mais trouve que c'est particulièrement dur. Le F. Casimir vient d'y arriver pour la construction de la maison après avoir été refaire la toiture de la chapelle de Foumban.
Le F. Casimir est le grand constructeur de la préfecture.
Tour à tour Dschang, Foumban, Njinjang, Mbanga Nkangsamba, Banka, Banjoun l'ont vu arriver avec son fil à plomb, ses niveaux d’eau, ses truelles et ses marteaux. Cuisant des briques, moulant des parpaings, élevant des murs, posant des chevrons, clouant des tôles, acceptant les plus durs travaux devant lesquels les noirs rechignent, il va, vient, se démène, enlève son monde et crie tellement que trois mois après son départ les oreilles vous en tintent encore. Mais les ouvriers ne peuvent s'endormir sur leur ouvrage, le travail avance vite et, la besogne terminée, le brave frère ramasse son baluchon et va se reposer en recommençant ailleurs.
(Le «RÈGNE» 33° année juil/août 1932)

AVANT-PROPOS, EXERGUE - CAUSES INTRODUITES