Le 27 février,
un télégramme nous annonçait le décès
du frère Casimir, de notre mission du Cameroun. Des
détails nous sont parvenus, que nous publions aujourd'hui.
Nos amis, bienfaiteurs et lecteurs, y trouveront un sujet d'édification.
Ils verront ce que sont la vie, le dévouement, l'esprit de
sacrifice de nos bons frères coadjuteurs, bras droits de
nos missionnaires, dans l'uvre de lapostolat.
Le 24 février dernier, le R. P. Aimond et le Fr. Casimir
de la mission de Dschang se rendaient à Bonabéri,
en auto par la route de Bana.
A un tournant, pour éviter une voiture venant à bonne
allure en sens inverse, un coup de volant brusque sur la droite,
envoya la voiture rouler dans un ravin à 70 mètres
de profondeur.
Le Frère Casimir eut la poitrine légèrement
enfoncée, le R. P. Aimond une cuisse fracturée.
On vint aussitôt à leur secours.
Le Fr. Casimir, se sentait très mal, suppliait qu'on le laissa
sur place, pour lui épargner les souffrances d'un difficile
et douloureux transport.
Les deux blessés furent cependant remontés au bord
de la route.
Avisé de l'accident, le R. P. Joseph Bernard arrivait de
Banka, la mission la plus proche.
On plaça les deux malheureux dans une auto.
Quelques instants après le départ, le R. P. Bernard
se rendit compte que le Fr. Casimir se mourait. I1 lui donna labsolution
et l'Extrême-Onction.
On fit au cher frère, qui avait beaucoup travaillé
dans la mission, des funérailles splendides. Douze de ses
con-frères s'étaient réunis à Banka
pour l'accompagner à sa dernière demeure.
Aussitôt après les funérailles, Mgr Bouque,
vicaire apostolique, prit le chemin de Bonabéri.
Il devait, le lendemain, y bénir l'église construite
par les. RP. PP. Albani et Guth.
Cest à cette fête religieuse, qui devait être
empreinte de la plus grande allégresse, pour la bénédiction
de la première église du vicariat, que se rendaient
le R. P. Aimond, fondateur et supérieur durant de longues
années de la mission de Bonabéri et le Fr. Casimir,
constructeur de la résidence des missionnaires.
Mais les voies de Dieu ne sont pas les voies humaines.
Le Fr. Casimir est allé au ciel recevoir la récompense
de son labeur et de son dévouement. Le R. P. Aimond a passé
ce jour de fête, sur un lit de l'hôpital de Douala.
Epreuves et joies, en missions, plus que partout ailleurs sont entièrement
mêlées.
Le Fr. Casimir était d'origine polonaise. Entré dans
notre Institut en 1910, il partait en 1912 pour notre mission du
Congo belge. Il y resta jusqu'en 1919. En mai de cette année
il rentrait en Europe pour se reposer et refaire sa santé,
ébranlé par sept ans de séjour et de travail
sous les tropiques.
En juin 1920, il fait partie, avec les RR. PP. Mennecart et Bintener,
du premier groupe de missionnaires qui va reprendre l'apostolat
dans l'Adamaoua et relever la mission.
Il reste deux ans à Foumban, puis va rejoindre à Kumbo
(Cameroun anglais) le Préfet apostolique qui l'y appelle.
En mai 1923, quand nous quittons définitivement le Cameroun
anglais, le Fr. Casimir se rend à Dschang.
De là, il se rend dans les différents postes où
des constructions sont nécessaires.
On le verra successivement à Foumban, Njinjang, Mbanga, Bonabéri,
N'Konsamba, Dschang et j'en oublie...
Partout, il a été un religieux fervent, un travailleur
acharné, infatigable, dur à la peine, actif, pressé
de finir une tâche pour en commencer une autre, fût-elle
plus pénible.
Souffrant du foie, ayant une poitrine délicate, il avait
parfois des heures de silence et de mélancolie. Mais il était
habituellement d'une gaieté franche, exubérante et
communicative. Plus il avait de travail, plus sa joie était
grande.
Il avait le talent de conter les histoires, de tenir sous le charme
de son récit.
Son bonheur était de faire le catéchisme. Il se sentait
alors missionnaire, véritablement.
A la sacristie, au potager, à la cuisine, partout, en plus
de ses chantiers de construction, le Fr. Casimir a su se dévouer
et se rendre utile. `
Et comme il a beaucoup aimé le Sacré-Cur, comme
dans les postes de missions, missionnaires et chrétiens ont
beaucoup prié pour lui, nous pouvons espérer que Dieu
lui aura déjà donné au ciel la récompense
de son zèle, de ses labeurs et de son dévouement.
R. P. PLISSONNEAU, S. C. J.
(Le Règne 38° année mai/juin 1938)
....A BANJOUN le P. Sourie a comme
compagnon le P. Albert qui s'est mis à l'étude de
la langue indigène, mais trouve que c'est particulièrement
dur. Le F. Casimir vient d'y arriver pour la construction de la
maison après avoir été refaire la toiture de
la chapelle de Foumban.
Le F. Casimir est le grand constructeur de la préfecture.
Tour à tour Dschang, Foumban, Njinjang, Mbanga Nkangsamba,
Banka, Banjoun l'ont vu arriver avec son fil à plomb, ses
niveaux deau, ses truelles et ses marteaux. Cuisant des briques,
moulant des parpaings, élevant des murs, posant des chevrons,
clouant des tôles, acceptant les plus durs travaux devant
lesquels les noirs rechignent, il va, vient, se démène,
enlève son monde et crie tellement que trois mois après
son départ les oreilles vous en tintent encore. Mais les
ouvriers ne peuvent s'endormir sur leur ouvrage, le travail avance
vite et, la besogne terminée, le brave frère ramasse
son baluchon et va se reposer en recommençant ailleurs.
(Le «RÈGNE» 33° année
juil/août 1932)
AVANT-PROPOS,
EXERGUE - CAUSES
INTRODUITES
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